De retour à Davos

Plus de deux mois après son départ pour l’Antarctique , Matthias Jaggi est de retour à Davos. Ses échantillons de neige doivent toutefois encore survivre au long voyage en bateau et passer la douane. Ils seront ensuite analysés par tomodensitométrie dans le laboratoire réfrigéré du SLF. Les chercheurs espèrent que les données obtenues aideront à mieux comprendre le changement climatique.

Après un long vol, je suis maintenant de retour à la maison et de retour dans le "vrai" hiver. Mes collègues du SLF estiment que ce doit être plus facile pour moi de m'habituer à l'air froid et polaire qui règne dans la région. Evidemment, ils ont raison. En effet, bien que j'aie passé trois mois en Antarctique pendant l'été austral, le changement de saison est à peine perceptible et je me réjouis de l'hiver enneigé.

Le transport de mes échantillons de neige jusqu'en Suisse est naturellement plus long que mon propre voyage de retour. Ils sont actuellement sur le navire, quelque part entre la Tasmanie et Brest, en France, toujours sous la garde de l'Institut Polaire Français. Le transport frigorifique de Brest à Davos sera ensuite sous ma responsabilité. Tant que les échantillons de neige ne sont pas encore dans notre chambre froide au SLF, je n'ai pas d'autre choix que d'espérer que tout ira bien. En termes de droits de douane, les échantillons de neige sont des marchandises françaises et doivent donc être importés officiellement en Suisse. À cette fin, je vais au préalable adresser à l'Administration fédérale des douanes une demande d'importation informelle, en franchise de droits et sans frais. Cela peut sembler un peu exagéré, mais cela permettra d'éviter que les cinq grandes boîtes soient bloquées à la douane et que nous devions discuter de la valeur monétaire des échantillons de neige.

Une petite pièce dans le puzzle climatique

Comme je l'ai déjà mentionné, la concentration isotopique des échantillons de neige n'est pas mesurée au SLF, mais au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement LSCE en France. Au SLF, nous évaluerons les échantillons de neige que j'ai scellés dans les 54 briques de lait. Pour l'analyse par tomodensitométrie, les échantillons doivent être sciés à la bonne dimension. Nous avons estimé qu'il nous faudra 400 heures de travail pour mesurer un total de cinq mètres d'"échantillons de neige" dans le tomographe. Et "mesurer" ne signifie pas que nous aurons des résultats. La microstructure de la neige est d'abord numérisée par tomodensitométrie avant que les paramètres physiques nécessaires ne puissent en être dérivés. Ces données doivent ensuite être interprétées et évaluées en détail dans le but de trouver une corrélation entre la métamorphose de la neige et le changement de la distribution isotopique.

Si cela réussit, nous pourrons ajouter une autre petite pièce du puzzle à la recherche sur le climat. Des carottes de glace vieilles de plusieurs milliers d'années forment les archives climatiques les plus importantes au monde. Leur interprétation est cependant exigeante et tous les processus n'ont pas encore été étudiés, loin s'en faut. Un projet comme le nôtre permet de mieux comprendre ces archives et de se prononcer de manière plus fiable sur le climat et ses changements.

Des impressions durables

Bien que mon séjour en Antarctique ait été purement professionnel, j'ai pu recueillir de nombreuses impressions et expériences personnelles. J'ai beaucoup aimé tout le voyage et il y a eu des moments où j'ai été tout simplement fasciné par la nature, l'immensité et les extrêmes. Mais cela m' a aussi montré combien d'efforts et de ressources sont nécessaires pour mener des recherches dans un tel lieu. En même temps, la recherche climatique en Antarctique contribue à une meilleure compréhension du climat. La recherche ne s'arrêtera certainement pas là. J'espère que, du moins dans les projets auxquels participe notre institut, je pourrai contribuer à une utilisation optimale des ressources.

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