23.04.2024 | Roman Oester | SLF News
Dans les Préalpes, les chercheuses et chercheurs du SLF s’attendent à un danger accru d’incendies de forêt à partir de 2040 en raison de l’évolution des conditions météorologiques. Actuellement, celui-ci y est encore très faible, mais cela devrait changer en raison du changement climatique.
Le danger d’incendies de forêt devrait augmenter considérablement au cours du XXIe siècle. On peut s’attendre à ce qu’il atteigne un niveau élevé d’ici 2100, même dans des régions où il est actuellement très faible. C’est ce qui ressort d’une étude de Julia Miller, doctorante dans le groupe de recherche Hydrologie et impact du climat sur les régions de montagne au WSL Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF.
Les prévisions montrent que le danger augmentera continuellement, mais qu’il dépassera la plage de variation naturelle du climat à partir de 2040 et qu’il sera imputable au changement climatique après cette date. Si l’on prend l’exemple des Préalpes bavaroises, cela signifie que le danger météorologique d’incendies de forêt augmentera plus rapidement dès 2040 et atteindra le niveau « élevé » d’ici la fin du xxie siècle – alors qu’il est actuellement « faible » (figure 1). Un événement lié aux conditions météorologiques, qui ne s’observe aujourd’hui que tous les soixante ans, se produira en moyenne tous les dix ans en 2090 (figure 2). Les projections montrent également que des conditions météorologiques favorables aux incendies de forêt se mettront en place plus tôt dans l’année qu’aujourd’hui, c’est-à-dire dès le mois de mai environ. Actuellement, la saison des incendies commence souvent en juin. Une végétation déjà sèche contribue également à ce que les feux s’allument plus facilement et deviennent plus rapidement incontrôlables. « Même dans les régions au climat tempéré, il sera donc nécessaire à l’avenir de se préparer aux incendies de forêt », déclare Julia Miller. Cela va des réservoirs d’eau pour les hélicoptères de lutte contre les feux aux panneaux d’avertissement pour sensibiliser les personnes sur place au danger.
Julia Miller prévoit que « le nombre de jours où le danger d’incendies de forêt est au moins « élevé » va plus que doubler d’ici la fin du xxie siècle. » Des facteurs tels que le temps chaud, sec et venteux favorisent cette tendance. Les vagues de chaleur estivales et les épisodes de sécheresse réduisent en outre l’humidité du sol et la végétation prend plus facilement feu. Julia Miller aborde ainsi un sujet mentionné par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un rapport datant de 2021. Pour son étude, elle a utilisé plusieurs variables climatiques et a pris en compte les variations naturelles et celles liées au climat. Elle a effectué ses prévisions sur la base de l’indice canadien « Fire-Weather Index » (FWI). Le FWI s’appuie sur des données météorologiques et constitue une évaluation chiffrée de l'intensité d'un incendie et donc de la facilité avec laquelle les matériaux combustibles (par exemple les arbres, le bois mort, les feuilles sèches) s’enflamment et de la rapidité avec laquelle un incendie peut se développer. Alors que le bassin méditerranéen et l’ouest du Canada sont historiquement exposés au danger d’incendies et ont été bien étudiés à un large niveau régional, les feux de forêt dans les régions d’Europe au climat tempéré ont jusqu’à présent reçu moins d’attention de la part des scientifiques. Pour ses recherches, Julia Miller a utilisé les données météorologiques de la Bavière hydrologique (bassins versants du Danube, du Main et de l’Elbe), qu’elle a divisée en quatre sous-régions géographiques et climatiques différentes.
Comme le FWI ne tient pas compte de l’état de la végétation, Julia Miller souhaite déterminer dans sa prochaine étude le rôle de l’humidité du sol et de la sécheresse de la végétation dans le danger d’incendies de forêt. Elle veut en outre analyser les conditions climatiques associées dans lesquelles le danger est le plus élevé et mettre en lumière les différences régionales au sein de l’Europe. « Notre objectif est de montrer que les feux de forêt en Europe peuvent avoir différents moteurs. Pour ce faire, nous souhaitons souligner les disparités régionales et saisonnières afin de mieux comprendre les facteurs climatiques qui conduisent à des incendies de forêt importants et incontrôlables », explique Julia Miller.
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