19.03.2025 | Jochen Bettzieche | SLF News
Les chercheurs du SLF forment des spécialistes indiens à l’identification de dangers naturels imminents et de zones potentiellement concernées à l’aide des satellites et de modèles numériques. L’objectif est de mieux modéliser les processus de dangers naturels dans l’Himalaya et de prévenir les catastrophes.
- Les satellites détectent les mouvements : les chercheurs du SLF mesurent les moindres déplacements de la roche, des éboulis et de la glace. Ainsi, les menaces de chutes de pierres, d’éboulements ou les instabilités peuvent être détectées de manière plus précoce.
- Système d’alerte précoce pour l’Himalaya : les scientifiques aident à améliorer les cartes d’indication des dangers. Pour ce faire, ils forment des spécialistes et utilisent des logiciels de simulation modernes.
- Protection contre les catastrophes : les données satellitaires et les drones ainsi que les simulations numériques basées sur ces données permettent d’éviter les dommages aux infrastructures.
En quête de mouvements par satellite : des radars en orbite fournissent des informations importantes sur les endroits où roches et débris se déplacent, même s’il ne s’agit que de centimètres. « Cela peut alors déjà être l’indice d’une instabilité naissante », explique Yves Bühler, responsable du groupe de recherche Télédétection alpine au SLF. Son équipe identifie précisément les zones dans lesquelles menace un glissement de terrain, un éboulement ou une avalanche de séracs.
Le défi pour le groupe de recherche est important : Yves Bühler et son équipe doivent fournir des bases pour réformer le système de cartes de dangers en Inde. L’objectif est de le porter à un niveau comparable à celui qui existe pour la Suisse. La Direction du développement et de la coopération (DDC) soutient le projet avec 230 000 francs suisses et du personnel sur place. « Cette collaboration représente pour la DDC une contribution déterminante à la protection des populations de l’Himalaya contre les dangers naturels, qui ne cessent d’augmenter en raison du changement climatique et qui touchent particulièrement les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables. Grâce à l’expertise suisse, les bases sont jetées pour la diffusion de la méthode dans l’Himalaya et d’autres régions montagneuses », explique Riccarda Caprez, responsable de projet à la DDC et chargée du programme Adaptation au climat et prévention des catastrophes.
Pour ce faire, les chercheurs misent sur la combinaison de la télédétection par satellite et par drone ainsi que sur le logiciel RAMMS développé au SLF, et plus précisément sur le module de simulation des éboulements et chutes de séracs. L’équipe teste ainsi de nombreux processus sur la base des données provenant des satellites. « De cette manière, nous pouvons estimer où quelque chose pourrait se produire, bientôt ou peut-être seulement dans dix mille ans », explique Yves Bühler.
Fin novembre 2024, il s’est rendu dans l’Uttarakhand, en Inde, avec trois de ses collègues. Ils y ont formé des experts locaux à l’utilisation du logiciel et à l’élaboration d’analyses des dangers pour leur région.




La demande était immense. Au lieu des vingt à trente personnes attendues, plus du double ont souhaité participer à ce cours de trois jours. Rien d’étonnant à cela, puisqu’un événement tragique s’était produit dans la région, quelques années auparavant seulement, la catastrophe de Chamoli en 2021. « C’était un phénomène en cascade extrême », explique Yves Bühler. De la roche recouverte par un glacier a dévalé d’une altitude de 6000 m, entraînant avec elle d’autres masses de glaces et des éboulis saturés d’eau vers l’aval. En vallée, cette avalanche de boue et de débris a continué à progresser en détruisant notamment sur son chemin deux centrales hydroélectriques. Environ 200 personnes sont mortes ou sont toujours portées disparues.
Un système d’alerte précoce efficace et des indications sur les zones à risque auraient permis d’éviter une partie de ces conséquences. On observe donc un grand intérêt en Inde pour de meilleures méthodes, y compris au niveau politique. Et les exploitants de centrales hydroélectriques dans les régions de montagne espèrent également que le travail des scientifiques du SLF leur fournira des informations plus détaillées sur la situation actuelle et sur les dangers potentiels pour leurs installations et leurs projets.
C’est ce genre de données que les chercheurs du SLF veulent fournir. À l’aide du logiciel RAMMS, ils simulent des processus sélectionnés. « Des menaces comme celle de Chamoli pourraient sans doute être détectées à temps par l'intermédiaire de nouvelles méthodes et de scénarios bien pensés, et l’infrastructure pourrait être mieux planifiée et protégée », suppose-t-il. La combinaison de la télédétection et de la modélisation devrait permettre à l’avenir d'identifier plus tôt des instabilités comparables et de mieux préparer les autorités et la population à y faire face, notamment grâce à des cartes d’indication des dangers actualisées.
Les chercheurs bénéficient de la nouvelle génération de capteurs radar embarqués sur les satellites modernes. « Les déplacements de surface peuvent ainsi être détectés et mesurés aujourd’hui depuis l’espace avec une haute résolution spatiale et temporelle », explique Andrea Manconi, scientifique au SLF. En outre, les satellites fournissent également des données sur des zones éloignées et inaccessibles, et ce même par mauvais temps. Le projet d’Andrea Manconi, qui consiste à simuler des dangers potentiels, se poursuit jusqu’à la fin 2025. Il s’appuie pour cela sur les connaissances qu’il a acquises lors de l’éboulement de Brienz (GR) : « Nous avons testé et validé avec succès nos méthodes dans les Alpes suisses et pouvons désormais les appliquer dans l’Himalaya indien. »
Par exemple dans la vallée de Patalganga près de Joshimath, district de Chamoli dans l’État indien d’Uttarakhand. Andrea Manconi y a identifié un important glissement de terrain à l’aide de données satellites radar. Si celui-ci s’accélère, il pourrait venir barrer le fleuve, comme cela s’est probablement déjà produit en 1970. « Pendant la mousson, lorsque l’eau est abondante, le lac ainsi retenu pourrait rompre ses digues et se transformer en une grande avalanche de boue et de débris qui détruirait les centrales hydroélectriques et les villages situés en aval », explique Andrea Manconi pour décrire le scénario le plus menaçant. Les chercheurs du SLF surveillent désormais ce glissement depuis l’espace afin de détecter à temps une accélération.
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