AvaBlog 6 - 7 mars 2025

Peu de neige, surtout dans l'est

Début mars, la neige se faisait rare dans toute la Suisse. Cette situation était plus exceptionnelle à l'est qu'à l'ouest. La raison principale de ce peu de neige réside dans le manque de précipitations au cours des derniers mois dans une grande partie des Alpes suisses.

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Début mars, la neige se faisait rare dans toute la Suisse. Cette situation était plus exceptionnelle à l'est qu'à l'ouest. La raison principale de ce peu de neige réside dans le manque de précipitations au cours des derniers mois dans une grande partie des Alpes suisses.
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Moins de neige que d'habitude, mais tout de même de la neige. Comme ici, du Chüpfenflua (Davos, GR) en direction du Chörbschhora (2651 m) (Photo: SLF/K. Winkler, 06.03.2025).
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Malgré le peu de neige, les conditions avalancheuses étaient favorables sur une grande partie du territoire début mars. Et dans les montagnes, beaucoup de soleil. Descente du Piz Serenastga, Vals, GR (Photo: U. Berni, 02.03.2025)
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Mais de temps en temps, il faut quand même éviter les cailloux, comme ici dans le Chüealptal (Davos, GR). (Photo: I. Haab, 01.03.2025)

Si l'on considère l'ensemble de la Suisse, l'hiver 2022/2023 était, début mars, nettement moins enneigé que l'hiver en cours (fig. 2). En effet, cet hiver, les hauteurs de neige n'ont atteint des niveaux historiquement bas qu'à haute altitude dans le nord et le centre des Grisons : 11 stations IMIS de cette région, avec des séries de mesures de près de 30 ans, ont enregistré les valeurs les plus basses ou les deuxièmes plus basses jamais mesurées au début du mois de mars. L'hiver 1971/1972 avait été tout aussi peu enneigé dans le nord et le centre des Grisons, mais le sud avait alors bénéficié d'un enneigement particulièrement important (fig. 2/3).

Contrairement aux stations IMIS situées entre 2100 et 2700 m, le manque de neige de cet hiver était moins exceptionnel dans les champs de mesures manuels situés plus bas (en moyenne à 1500 m). D'une part parce que les séries de mesure sont plus longues, d'autre part parce qu'à cette altitude, des hivers chauds avaient déjà entraîné un imortant manque de neige les années précédentes.Mais cet hiver, les rares précipitations sont souvent tombées sous forme de neige jusqu'à basse altitude.

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Fig. 2/1 : Hauteur de neige relative le 6 mars 2025. La carte se base sur des hauteurs de neige quotidiennes modélisées avec une résolution spatiale de 1km2 pour les années 1962 à 2025. Les régions qui ont moins de 10 cm de neige en moyenne sont colorées en blanc.
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Fig. 2/2 : Hauteur de neige relative le 6 mars 2023. La carte se base sur des hauteurs de neige quotidiennes modélisées avec une résolution spatiale de 1km2 pour les années 1962 à 2025. Les régions qui ont moins de 10 cm de neige en moyenne sont colorées en blanc.
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Fig. 2/3 : Hauteur de neige relative le 6 mars 1972. La carte se base sur des hauteurs de neige quotidiennes modélisées avec une résolution spatiale de 1km2 pour les années 1962 à 2025. Les régions qui ont moins de 10 cm de neige en moyenne sont colorées en blanc.

Hivers pauvres en neige, hier et aujourd'hui

Les hivers secs ont toujours existé. Mais aujourd'hui, ils sont plus chauds qu'il y a quelques décennies - comme cet hiver. Les températures supérieures à la moyenne de ces derniers mois (blog de MétéoSuisse) ont influencé le manteau neigeux - et ce même à haute altitude, bien qu'il n'y ait pas eu de fonte.

Le champ de mesure du Weissfluhjoch (GR, 2540 m) au-dessus de Davos en est un bon exemple avec sa série de mesures de près de 90 ans (fig. 3 et 4). Ici, la hauteur de neige se situe à un niveau historiquement bas depuis le 25 février. Néanmoins, la somme de neige fraîche (depuis le 1er novembre) a déjà été nettement inférieure, par exemple au cours de l'hiver 1971/1972. Cela peut s'expliquer par le tassement du manteau neigeux, qui est plus important lors d'un hiver chaud que lors d'un hiver froid et qui a donc tendance à entraîner une plus grande densité. Etant donné qu'à hauteur de neige égale, un manteau neigeux plus dense a une masse plus importante (= valeur d'eau plus élevée), l'hiver actuel se situe clairement au-dessus de l'hiver 1971/1972 en termes de valeur d'eau, malgré un niveau record de faible enneigement.

Le tableau 1 montre cet effet en chiffres : Avec -5,0 °C, l'hiver actuel est environ 1,8 °C plus chaud que l'hiver 1971/1972, le moins enneigé jusqu'à présent, à la date de début mars. La somme de neige fraîche de l'hiver actuel est certes supérieure de 44 cm à celle de l'hiver 1971/1972, mais l'hiver actuel présente en même temps une plus grande densité du manteau neigeux total (300 vs. 268 kg/m3) et une valeur d'eau plus élevée (330 vs. 273 mm) qu'en 1971/1972.

 

Température

(nov. - fév.)
Hauteur de neige Somme de neige fraîche Densité du manteau neigeux Valeur d'eau du manteau neigeux

Hiver

1971/1972
-6.8 °C 102 cm 274 cm 268 kg/m3 273 mm

Hiver

2024/2025
-5.0 °C 109 cm 318 cm 300 kg/m3 327 mm
Différence 1.8 °C 7 cm 44 cm 32 kg/m3  54 mm

Tableau 1 : Comparaison de différents paramètres du manteau neigeux le 7 mars pour les deux hivers 1971/1972 et 2024/2025 exceptionnellement pauvres en neige sur le champ de mesure du Weissfluhjoch (GR, 2540 m).

La suite de l'évolution des hauteurs de neige de l'hiver 1971/1972 (fig. 3) montre en outre que la neige qui manque jusqu'à présent à cette altitude peut aussi tomber dans les mois à venir. La probabilité d'une fonte prématurée de la neige est cependant élevée en raison des températures printanières et estivales beaucoup plus chaudes ces dernières années en raison du changement climatique.

 

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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