AvaBlog 25 - 30 décembre 2024

La météo est rapidement résumée : en montagne, le temps était ensoleillé, le vent faible et exceptionnellement doux pour cette période de l'année. L'isotherme zéro degré se situait à 3000 m (figure 1). Dans les pentes à l'ombre, on ne s'est toutefois guère rendu compte de la douceur des températures. Avec un ciel sans nuages, la surface neigeuse dégageait tellement de chaleur qu'elle restait poudreuse même à basse altitude et que du givre de surface se formait en de nombreux endroits (figure 2).

Alors que les jours précédents (voir Avablog du 25 décembre), de nombreuses avalanches s'étaient déclenchées spontanément, cette semaine, les déclenchements d'avalanches par des adeptes des sports de neige étaient au premier plan. De nombreuses avalanches de personnes ont été signalées au SLF, 76 en seulement 5 jours (figure 3). En réalité, le nombre d'avalanches déclenchées devrait être encore nettement plus élevé.

La tailles des avalanches étaient impressionnantes. Si cinq petites avalanches ont été signalées, 47 avalanches étaient de taille moyenne, 20 grandes et une très grande (figure 3). Même dans les régions avec un manteau neigeux plutôt mince, comme dans les Grisons, de grandes avalanches ont parfois été déclenchées (figure 4).

La large propagation des ruptures s'explique par la présence marquée et surtout très répandue de couches fragiles dans la neige ancienne. C'est la raison pour laquelle le danger d'avalanche est resté durablement marqué (degré 3, voir aperçu tout en bas) dans de nombreuses régions des Alpes suisses.

Avant même les importantes chutes de neige de Noël, il était prévisible que le manteau de neige ancienne offrirait un très mauvais fondement. De nombreux profils présentaient des couches avec des cristaux anguleux, et dans les régions peu enneigées situées plus au sud, tout le manteau neigeux avait même subi une métamorphose constructive. La métamorphose constructive des cristaux de neige est typique après de nombreuses longues nuits claires : En raison du rayonnement nocturne, la surface de la neige se refroidit fortement et est alors nettement plus froide que la partie inférieure du manteau neigeux. Le gradient de température qui en résulte entraîne la transformation de la neige et la croissance de cristaux anguleux. Ces grands cristaux anguleux n'ont que peu de liaisons entre eux et forment donc une couche fragile proéminente. Avec les chutes de neige de Noël(voir AvaBlog du 25 décembre), le recouvrement nécessaire est venu s'ajouter - et la combinaison de couches pour les avalanches de plaque de neige était prête (photo 5).

La figure 3 montre aussi clairement que le problème de neige ancienne ne s'est pas limité cette fois aux régions intra-alpines. Il concernait, du moins en altitude, l'ensemble des Alpes suisses. Sur le versant nord des Alpes, la superposition des couches fragiles était souvent épaisse et les déclenchements d'avalanches par des personnes n'étaient donc possibles que par endroits. Mais lorsqu'un déclenchement se produisait, les avalanches étaient en conséquence de grande ampleur (figure 6).

Ce n'est qu'aux altitudes moyennes, et donc également dans les Préalpes, que le manteau neigeux était mieux constitué. Le problème de la neige ancienne ne pouvait pas être limité uniquement aux pentes à l'ombre (exposition ouest-nord-est). Sur les pentes exposées au sud, on a également observé des couches fragiles au-dessus de 2700 m environ et donc également des déclenchements d'avalanches.

Les endroits où des avalanches pouvaient être déclenchées dans les couches fragiles profondes ont lentement diminué au cours de la période étudiée dans ce blog. La taille des avalanches est cependant restée importante. Il en sera toujours ainsi et le problème de la neige ancienne nous occupera encore longtemps. Un comportement défensif et de la patience seront donc malheureusement toujours de mise. Le problème de neige ancienne est délicat, car il est difficilement reconnaissable, même pour les personnes expérimentées. Des traces existantes ne garantissent pas la stabilité de la pente. Des signes d'instabilité (comme des bruits sourds) peuvent indiquer un danger, mais ils ne sont pas forcément présents.

En plus d'un choix défensif de la randonnée et de l'itinéraire, il vaut la peine de solliciter le moins possible le manteau neigeux avec des distances de délestage et des descentes individuelles. Cela permet de réduire le risque de déclenchement d'avalanche. Mais en cas de grande avalanche, il est toujours possible que plusieurs personnes soient emportées en même temps. Vous trouverez plus d'informations sur le problème de neige ancienne dans cet article "Craignez la neige ancienne".

Avec la persistance du beau temps, le manteau neigeux est déjà en train de se transformer à nouveau en cristaux anguleux dans les pentes à l'ombre. Il est donc possible que la prochaine grosse chute de neige entraîne à nouveau un problème aigu de neige ancienne.

Sur le versant nord des Alpes, les chutes de neige de Noël et les températures douces ont donné lieu à une importante activité d'avalanche de glissement. De nombreuses avalanches de glissement petites et moyennes ainsi que quelques grandes ont été signalées (figure 7).

Au cours de la période examinée par le rapport hebdomadaire un accident d'avalanche mortel s'est produit. A Arolla, le 27 décembre, une avalanche a emporté un randonneur. Ce dernier est décédé à l'hôpital.

Les commentaires sur la situation avalancheuse via l'application White Risk du SLF (figure 8) sont très appréciés, particulièrement accompagné d'une photo. Tu nous aideras ainsi de manière substantielle à l'élaboration du bulletin d'avalanche - merci beaucoup !