AvaBlog 10 - 17 mars 2025

Beaucoup de neige dans le sud

Dans le sud, la neige est tombée en altitude pendant une semaine, avec seulement de brèves interruptions. Le danger d'avalanche a augmenté de manière significative avec les grandes quantités de neige fraîche, atteignant temporairement le degré 4 (fort) avec des avalanches spontanées de neige sèche et de neige mouillée. En raison des précipitations qui se sont étendues sur la crête principale des Alpes et dans les Grisons, le danger d'avalanche y a également nettement augmenté à partir de la seconde moitié de la semaine. Quelques accidents d'avalanche impliquant des personnes se sont produits.

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Neige fraîche sur neige ancienne fragile ! L'abondance de neige fraîche du 10 au 17 mars, qui s'est déposée sur un manteau de neige ancienne fragile, a donné lieu à de nombreux déclenchements d'avalanches. Ici, une avalanche déclenchée par une personne s'est décrochée jusque dans la neige ancienne proche du sol, sur une pente exposée à l'est dans le Val d'Arlas à environ 2800 m (Pontresina, GR). (Photo : O. Müller, 17.03.2025)
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Enfin, de la neige fraîche dans le sud ! 34 cm ont été mesurés à la station de mesure manuelle du San Bernardino (1640 m, Mesocco, GR) le vendredi 14 mars. La somme de neige fraîche 7 jours à cette station était de 84 cm. (Photo : E. Mufatti, 14.03.2025)
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Dans les principales régions touchées par les précipitations, le manteau neigeux renfermait souvent des couches fragiles. Des bruits sourds et des fissures indiquaient les dangers, comme ici lors d'une randonnée à ski en direction de San Giacomo (2200 m, Bedretto, IT). (Photo : P. Spörri, 14.03.2025)
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Une petite avalanche a été déclenchée dans la neige fraîche lors de la descente de la Motta Radonda sur une pente orientée nord-ouest à environ 2200 m (Surses, GR). Heureusement, rien de grave ne s'est produit. (Photo : J. Schmalfuss, 15.03.2025)
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La constitution fragile du manteau neigeux était également visible ici : nombreuses avalanches sur le flanc nord-ouest du Piz d'Esan (2700 m, Surses, GR). (Photo : A. Möckli, 17.03.2025)
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Une deuxième grande avalanche a été déclenchée à distance au-dessus de la Chamanna Coaz (2610 m, Samedan, GR) (autre avalanche cf. texte ci-dessous). (Photo : C. Mosmang, 17.03.2025)
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Déclenchements d'avalanches dans la neige ancienne proche du sol également dans la vallée de Münster, ici sur le flanc nord du Piz Turettas (2963 m, Val Müstair, GR). Comme décrit dans le texte, le degré de danger 4 (fort) a été manqué ici. (Photo : SLF/C. Lucas, 17.03.2025)
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Les températures élevées et la neige humide ont donné lieu à des avalanches de neige mouillée aux altitudes moyennes, comme dans la Leventina supérieure (environ 1800 m, Airolo, TI). (Photo : B. Pfund, 16.03.2025)
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Les températures élevées et le rayonnement ont donné lieu à des avalanches de neige meuble humide près des Churfirsten, ici au Chäserrugg (2100 m, Wildhaus-Alt St. Johann, SG). (Photo : P. Diener, 15.03.2025)
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Au cours de la période couverte par ce blog, le vent de sud était généralement faible à modéré. Il soufflait le plus fort sur la crête principale des Alpes au nord, comme ici à l'ouest de la Pointe de la Plaine Morte (2600 m, Icogne, VS), où des traces d'érosion évidentes sont visible. (Photo : V. Bettler, 15.03.2025)

Météo

Cette période examinée a été marquée par une situation de barrage marquée au sud avec des précipitations abondantes (figure 1). Dans les montagnes du sud des Alpes, il a neigé tous les jours, sauf le mardi 11 mars, où il y a eu un bref moment sans précipitations notables. De plus, les précipitations ont constamment débordé sur la crête principale des Alpes pour atteindre les régions limitrophes au nord. Il a également neigé intensément à plusieurs reprises à l'ouest, au Grand-Saint-Bernard, et à l'est, du Val Bregaglia à la région de la Bernina.

Même les éclairs et tonnerres étaient de la partie : avec la première phase convective de l'année 2025, les précipitations les plus intenses sont tombées dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 mars, surtout dans les montagnes du Tessin et dans certaines régions des Grisons.

La limite des chutes de neige se situait dans le sud entre 1200 m et 1700 m, et brièvement à environ 2000 m dans la nuit de jeudi à vendredi. Dans le nord et le Jura, la limite des chutes de neige est descendue d'environ 1500 m à partir de jeudi jusqu'à basse altitude (figure 2). Dans les principales régions touchées par les précipitations, la neige est généralement tombée avec un vent faible à modéré de secteur sud.

En l'espace de huit jours, du dimanche après-midi 9 mars au lundi matin 17 mars, il est tombé au-dessus de 1800 m environ (figure 1) :

  • Nord et centre du Tessin, région du Simplon : 100 à 150 cm
  • Grand Saint-Bernard, reste de la crête principale des Alpes depuis Saas jusque dans la région de la Bernina et au sud de celle-ci : 60 à 100 cm
  • Régions directement adjacentes à la crête principale des Alpes au nord, centre des Grisons, Haute-Engadine : 40 à 60 cm
  • Versant nord des Alpes à l'est de la Reuss, reste des Grisons : 20 à 40 cm
  • sinon moins

Manteau neigeux

De février à début mars, les conditions avalancheuses étaient favorables sur une grande partie des montagnes suisses. Dans le nord, le manteau neigeux était généralement bien consolidé. Dans le sud du Valais, dans le Tessin et dans les Grisons, le problème de la neige ancienne s'est calmé, même si la constitution du manteau neigeux avec des couches fragiles ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux était encore défavorable et que des avalanches pouvaient très localement se décrocher dans les couches profondes du manteau neigeux. De plus, au début de la situation de barrage du sud, les différences entre le manteau neigeux sur les pentes exposées au sud et au nord étaient importants. Sur les pentes sud, le printemps s'est clairement fait sentir. Ici, le manteau neigeux était humide jusqu'en haute altitude. Sur les pentes nord, en revanche, c'était encore l'hiver avec de la neige meuble ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux à la surface.

Avec le barrage du sud et l'abondance de neige fraîche, la situation avalancheuse est redevu dynamique. Dans le sud, un problème de neige fraîche s'est installé tout au long de la semaine : une importante quantité de neige fraîche était tombée sur une surface défavorable de neige ancienne constituée de couches fragiles ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux, en particulier sur les pentes exposées au nord. Sur les pentes exposées au sud, en revanche, la liaison entre la neige fraîche et la neige ancienne était plus favorable.

Avec les températures élevées dans le sud, la neige fraîche s'est tassée et consolidée en continu. Les couches de neige fraîche et de neige soufflée dans la partie supérieure du manteau neigeux étaient cependant parfois fragiles.

Dans le nord, la neige soufflée fraîche était particulièrement fragile sur les pentes à l'ombre, car elle s'était déposée sur une surface défavorable de neige ancienne.

En Valais, dans le Tessin et dans les Grisons, les couches profondes de neige avaient subi une métamorphose constructive à grains anguleux, étaient meubles et fragiles (figure 3). C'est surtout sur les pentes à l'ombre que les avalanches se sont décrochées dans ces couches profondes du manteau neigeux, en particulier dans les Grisons (figure 4).

En raison de la période prolongée de mauvais temps, il était possible d'oublier que c'était déjà le printemps et que le soleil avait beaucoup de force. Avec un rayonnement diffus important pendant les journées nuageuses et avec le rayonnement solaire pendant de brèves éclaircies, des avalanches de neige meuble et des avalanches de glissement ont été observées dans les régions avec la neige fraîche, surtout sur les pentes ensoleillées (cf. galerie de photos).

Danger d'avalanche et activité avalancheuse

Avec le début des chutes de neige dans le sud, le danger d'avalanche sur la crête principale des Alpes depuis la vallée de la Saas jusqu'au col de la Bernina et au sud de celle-ci a été évalué au degré 3 (marqué) pour le lundi 10 mars. Des déclenchements de minage et quelques avalanches spontanées ont confirmé cette évaluation. Dans le nord, la situation avalancheuse était encore majoritairement favorable avec un degré 1 (faible) et un degré 2 (limité) (voir les cartes de danger en bas de page).

Après une brève pause des précipitations le mardi 11 mars, le danger d'avalanche a de nouveau augmenté sur la crête principale des Alpes dans le Haut-Valais, au Tessin et dans les parties sud des Grisons en raison de la reprise des chutes de neige. Dans la plupart de ces régions, le danger d'avalanche était marqué (degré 3). De nombreux signalements d'avalanches de personnes, mais aussi d'avalanches spontanées, l'ont confirmé.

Dans la nuit du jeudi au vendredi (13-14 mars), le degré de danger fort (degré 4) a même été atteint dans certaines parties du Tessin et du Moesano, avec des précipitations intenses et inattendues et jusqu'à 50 cm de neige fraîche. Les informations sur les avalanches dans le nord et le centre du Tessin étaient malheureusement rares en raison de la mauvaise visibilité générale. Les quelques observations et les avalanches détectées automatiquement montraient toutefois une activité avalancheuse accrue. En outre, les nombreuses avalanches spontanées et les déclenchements par minage depuis le Valle Bregaglia jusqu'à la Bernina ont montré que la prévision du danger 3 (marqué) n'était pas exagérée ici.

Bien qu'il y ait encore eu environ 20 cm de neige fraîche le samedi 15 mars au Tessin, le degré de danger y a été abaissé de fort (degré 4) à marqué (degré 3). On ne s'attendait certes plus à de très grosses avalanches spontanées, mais la situation était jugée dangereuse pour les sports de neige en dehors des pistes sécurisées.

Rétrospectivement, le degré de danger 4 (fort) a été manqué dans la vallée de Münster les samedi et dimanche (15 et 16 mars). Avec un total d'environ 40 cm de neige fraîche, de nombreuses avalanches spontanées y ont été observées, qui se sont généralement décrochées jusqu'au sol, confirmant ainsi la très mauvaise constitution du manteau neigeux dans cette région.

Dans la partie la plus occidentale du Bas-Valais et dans certaines parties des Grisons, environ un demi-mètre de neige fraîche était tombé sur une grande partie du territoire. Même si la constitution du manteau neigeux était plus favorable à l'ouest qu'à l'est, de nombreuses avalanches de personnes ont été signalées dans les deux régions. Dans l'ouest, c'est surtout la neige soufflée fraîche qui était instable. Dans l'est, des ruptures dans la neige ancienne ont également été signalées.

Jusqu'au lundi 17 mars, le danger d'avalanche n'a diminué que lentement le long de la crête principale des Alpes et au sud de celle-ci ainsi que dans certaines parties des Grisons. Même si, au moment de la clôture de la rédaction, toutes les avalanches n'avaient probablement pas encore été signalées, il s'avérait que l'activité avalancheuse était élevée. C'était tout particulièrement le cas au sud des Grisons, où le manteau neigeux renferme des couches fragiles persistantes.
L'activité des avalanches de glissement a d'abord diminué au cours de cette semaine examinée. Au cours de la semaine, des avalanches de neige mouillée ont été signalées aux altitudes moyennes et, sous l'effet du rayonnement, de nombreuses avalanches de neige meuble se sont produites.

Accidents d'avalanche

Au cours de la période couverte par ce blog, 35 avalanches déclenchées par des personnes ont été signalées (cf. figure 5), surtout dans les régions situées sur la crête principale des Alpes. Sept personnes ont été partiellement ensevelies (figure 6). Le dimanche 16 mars, une personne a été entièrement ensevelie et blessée par une avalanche dans la région du Hinterrhein (GR), lors de la montée en direction de la cabane Zapport.

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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