AvaBlog 8. - 12. février 2024

Le dernier épisode de fortes chutes de neige dans le sud remonte à bien longtemps. Il s'agissait d'une situation de courants opposés au début du mois de décembre. Depuis lors, il a certes neigé un peu régulièrement dans le sud également, mais les sommes de neige fraîche des 60 derniers jours (sans les chutes de neige actuelles) étaient nettement plus faibles que dans les autres régions (figure 1).

Avant les chutes de neige actuelles, le manteau neigeux était marqué par l’action du vent violent et de températures douces. Dans le sud, la surface de la neige était souvent dure, rugueuse et irrégulière. Ce n'est que sur les pentes à l'ombre et à l'abri du vent qu'elle était parfois meuble et avait une structure métamorphosée à grains anguleux. Globalement, le manteau de neige ancienne était cependant assez compact.

Le jeudi 8 février, de 10 à 20 cm de neige sont d'abord tombés sur la crête nord des Alpes. En soirée, il y a eu des précipitations dans le sud, un foehn fort a soufflé dans le nord, et un vent du sud parfois tempétueux soufflait en altitude. La situation de barrage météorologique côté sud a persisté jusqu'au samedi soir 10 février. Pendant la nuit du samedi au dimanche 11 février, le vent du sud s'est calmé et un front froid s'est déplacé depuis l'ouest sur la Suisse apportant également un peu de neige fraîche jusqu’au 12 février dans le nord. Avec le passage du front froid, le vent d'ouest était temporairement modéré à fort et un vent du nord-ouest modéré à fort soufflait sur la crête principale des Alpes et dans le sud.

Les quantités de neige tombée du jeudi soir au dimanche soir sont représentées dans la figure 2. La neige fraîche était la plus abondante dans l'ouest du Tessin avec de 60 à 80 cm, et par endroits on a même enregistré un mètre de neige fraîche. Depuis le col du Simplon jusque dans la vallée de Conches supérieure le long de la frontière avec l'Italie, sur le reste du centre du versant sud des Alpes ainsi que depuis le val Bregaglia jusqu'au col de la Bernina, il était tombé quelque 40 à 60 cm de neige. En direction du nord, les quantités de neige fraîche diminuaient de manière impressionnante sur de courtes distances. Ainsi, la station IMIS de Cassinello (2101 m) dans le val Bedretto (TI) enregistrait environ 60 cm de neige fraîche en l'espace de 3 jours, tandis qu'à seulement une dizaine de kilomètres plus au nord, la station de Giltnasen (2169 m) près de Realp (UR) affichait une modeste quantité de 23 cm de neige fraîche.

Dans le bulletin d’avalanches du vendredi soir 9 février, un fort danger d'avalanche (degré 4) était annoncé dans certaines régions du sud. Mais comme les quantités de neige tombées samedi matin étaient nettement inférieures aux attentes, le danger annoncé a été abaissé au niveau marqué (degré 3, intermédiaire +)". Il n'est pas possible de déterminer avec certitude si le degré de danger 4 ou fort a néanmoins été atteint ultérieurement, car le service de prévisions d'avalanches n'a reçu que très peu de réactions en provenance des régions concernées. A certains endroits, des avalanches ont cependant pu descendre jusqu'à moyenne altitude dans des couloirs d'avalanches connus (photo 3).

Le col du Lukmanier a par ailleurs été le théâtre le dimanche 11 février d’une avalanche avec une largeur de rupture d'environ 500 m sur le flanc nord du Pizzo di Torói (photo 1 dans la galerie de photos). Cela indique qu'à certains endroits, sur des pentes à l'ombre plutôt protégées du vent, il y avait effectivement des couches fragiles ayant une grande superficie et avec une structure métamorphosée à grains anguleux. D'autres avalanches d’une ampleur comparable n'étaient pas connues au moment de la clôture de la rédaction.

Dans les autres régions, il avait nettement moins neigé. Mais la tempête de foehn a transporté le peu de neige fraîche du jeudi 8 février et parfois de la neige plus ancienne encore meuble. Ces conditions ont donné lieu à la formation d’accumulations de neige soufflée plutôt petites, mais parfois instables. À certains endroits, des personnes pouvaient provoquer leur décrochement. Dans certains cas, les fractures pouvaient s'étendre assez loin, mais les épaisseurs de rupture demeuraient plutôt faibles (photo 4).

Le dimanche 11 février, plusieurs avalanches généralement petites ont également été déclenchées par des personnes dans les Grisons. La couche fragile se situait ici dans des couches plutôt proches de la surface, éventuellement au niveau du passage de croûtes de regel relativement anciennes vers des couches de neige fraîche et de neige soufflée de la semaine écoulée.

Afin de vérifier le contenu du bulletin d’avalanches et donc d'établir de meilleures prévisions pour le lendemain, nous, les prévisionnistes d'avalanches, avons besoin d'informations en provenance du terrain. Malheureusement, nous ne recevons que peu de réactions du Tessin, en particulier en provenance du centre et du sud du Tessin.

T'arrive-t-il de te promener dans la neige dans ces régions ? Alors envoie-nous des photos, des informations sur les avalanches observées ou ton évaluation du danger d'avalanche via l'application WhiteRisk. Cela vaut bien sûr aussi pour toutes les autres régions de Suisse.
Nous tenons à remercier vivement les observateurs du SLF et tous ceux qui donnent occasionnellement des informations en retour et qui, par leurs observations, contribuent grandement à la qualité du bulletin d’avalanches.