AvaBlog 26 mars - 1er avril 2024

Blocage de Pâques au Gothard, tempête de foehn dans le nord

Dame Hiver n’est pas encore au repos ! Une fois de plus, une situation de barrage météorologique côté sud a apporté énormément de neige fraîche dans le sud et une tempête de foehn de plusieurs jours dans le nord. A cela s'est ajoutée cette fois-ci une bonne dose de poussière du Sahara. Dans certaines régions, le danger d'avalanche a augmenté jusque dans la partie supérieure du degré de danger fort (4+). De nombreuses avalanches se sont décrochées à haute altitude dans la neige sèche ou mouillée, entraînant sur leur parcours la neige mouillée et descendant loin dans les zones de verdure. Il s'agissait jusqu'à présent de la phase la plus active de cet hiver en matière d'avalanches.

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Ici, l'argent des contribuables n'a pas été gaspillé; la galerie de protection ne pouvait certainement pas être plus petite. De nombreuses avalanches ont emprunté les couloirs habituels d'avalanches jusque loin dans les zones de verdure. Photo prise le lundi de Pâques à 07h00 dans le Löüwibach près d'Ernen, VS (photo: H. Gorsatt, 01.04.2024).
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La deuxième très grande avalanche en l'espace de 24 heures est également descendue depuis le Löuwischleif jusque dans la vallée, comme avalanche de neige mouillée (Ernen, VS; photo: R. Imsand, 31.03.2024).
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Le retour de l'hiver: A 1400 m, le val Bedretto avait revêtu ses habits d'hiver, tandis que plus au sud, il pleuvait parfois jusqu'à plus de 2000 m d'altitude. La raison de la baisse de la limite des chutes de neige était le refroidissement du temps dû aux précipitations (val Bedretto, TI; photo: C. Giudici, 27.03.2024).
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De la poussière, mais pas du Sahara: Avalanche spontanée de poudreuse au nord-est du Piz Mulix (2887 m) à environ 2500 m. A cette altitude, la neige était sèche (Bergün Filisur, GR; photo: B. Turner, 28.03.2024).
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Profil de neige clairement instable... Dès l'arrivée sur le site du profil, la neige soufflée fraîche s'est décrochée en dessous du Piz Mulix, à environ 2100 m (Bergün Filisur, GR; photo: B. Turner, 28.03.2024).
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En Valais également, la neige soufflée était instable: Formation d’une fissure à proximité immédiate des pistes à environ 2400 m, près de la station de montagne Bella Lui dans le domaine skiable de Crans-Montana (Lens, VS; photo: V. Bettler, 28.03.2024).
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Le drapeau l’indique: la poussière est venue du sud. Cabane Jenatsch à 2653 m (Bever, GR; photo: C. Lucas, 29.03.2024).
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Lutte acharnée contre la neige soufflée sur les voies ferrées au col de la Bernina, à 2235 m d'altitude (Pontresina, GR; photo: E. Demonti, 29.03.2024).
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Troisième jour de tempête de foehn à l'Hospice du col du Grand-Saint-Bernard (2469 m), (Bourg-Saint-Pierre, VS; photo: A. Maillard, 30.03.2024).
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Avalanche de plaque de neige déclenchée par des personnes au Schneehore dans une accumulation de neige soufflée sans personne ensevelie ou blessée, exposition nord-est à environ 2600 m (Loèche-les-Bains, VS; photo: C. Galland, 30.03.2024).
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Le foehn a fait des ravages. Le mât du drapeau n'a pas pu le supporter, le manteau de neige ancienne non plus. Paysage fortement marqué par le vent au sommet de l'Alvier, qui culmine à 2342 m (Wartau, SG; photo: T. Wällti, 31.03.2024).
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Nombreuses grandes et très grandes avalanches spontanées à la Cima del Simano (2579 m) en direction du val Blenio (Acquarossa, TI; photo: F. Genucchi, 01.04.2024).
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Très grande avalanche de neige mouillée descendant jusque dans la vallée au nord-ouest du Breithorn (2599 m). En haut à droite de la photo, les ouvrages de retenue ("paravalanches") fortement enneigés (Grengiols, VS; photo: R. Imsand, 01.04.2024).
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Vue rapprochée des ouvrages de retenue du Breithorn. Il n’y a plus beaucoup de place pour de la neige cette année (Grengiols, VS; photo: R. Imsand, 01.04.2024).
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Là où les montagnes dépassent - de la neige apportée par les avalanches: Dépôt d'une très grande avalanche près de Sulz dans la vallée du Göscheneralptal, Göschenen, UR. L’avalanche s'est décrochée pendant la nuit du 31 mars au 1er avril. On n'en sait pas plus à cause du brouillard (photo: D. Loutrel, 01.04.2024).
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Cette avalanche s'est déclenchée le lundi de Pâques matin sur le flanc ouest de la Cima di Gana Bianca et a atteint moins de 900 m dans le Val Piana. La forêt a été endommagée (Blenio, TI ; photo : F. Vanza, 02.04.2024).
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Le lac Räterichsboden a reçu une visite le 1er avril. L’avalanche du Gärstenbach a d'abord été constatée par une hausse du fluviomètre. Lorsque le ciel s'est éclairci, cette image est apparue (Guttannen, BE ; photo : P. Schläppi, 02.04.2024).
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Dépôt mouillé d'une avalanche de plaque de neige dans le Bielgraben, au nord-ouest du Camoscellahorn qui culmine à 2612 m (Zwischbergen, VS; photo: S. Jordan, 01.04.2024).
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Avec la pluie, cette très grande avalanche spontanée a franchi dans le Rotschtobel la galerie paravalanche de la route menant à Monstein. Une photo du dépôt se trouve plus loin dans le rapport (Davos, GR; photo: S. Margreth, 01.04.2024).
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Neige, terre, traces de frottement et blocs compacts laissés par l'avalanche dans le Rotschtobel. Les blocs ronds se forment lorsque la neige est légèrement humidifiée (Davos, GR; photo: M. Phillips, 01.04.2024).
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Pour des pistes sûres, il faut d'abord déclencher artificiellement les avalanches après de grosses chutes de neige - et cela s'est passé avec beaucoup de succès au Gemsstock (Andermatt, UR) (photo : L. Danioth, 02.04.2024).
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Rupture d'une avalanche déclenchée à l'explosif au Gemsstock (Andermatt, UR). En partie, l'avalanche s'est déclenchée sur la couche de poussière du Sahara, mais à de nombreux endroits, elle s'est déclenchée plus profondément (photo : L. Danioth, 02.04.2024).
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Ruptures d'avalanches de grandes surfaces dans les versants ouest de la vallée de Witenwasseren (Realp, UR ; photo : R. Planzer / Office des forêts et du bois Uri, 02.04.2024).
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L'avalanche est devenue de plus en plus sombre en descendant dans la vallée, même si elle n'a pas emporté de terre, du moins dans sa partie supérieure. La couleur provient manifestement de la poussière du Sahara (In den Böschen, Hospental, UR ; photo : R. Planzer / Office des forêts et du bois Uri, 02.04.2024).
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Avalanches provenant des pentes sud en dessous du Blauseeeli (Realp/Hospental, UR). L'avalanche de glissement à droite est grande, l'avalanche de plaque de neige à gauche est encore plus grande (photo : R. Planzer / Office des forêts et des bois Uri, 02.04.2024).
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Dans la vallée de Göscheneralp aussi, les avalanches ont atteint le fond de la vallée. A droite sur la photo, la Hutzgenlaui (Göschenen, UR ; photo : R. Planzer / Office des forêts et des bois d'Uri, 02.04.2024).
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Des prés verts et de la neige marron. Cette avalanche a progressé depuis le Bristen jusqu'à la Reuss (Silenen, UR ; photo : R. Planzer / Office des forêts et du bois Uri, 02.04.2024).
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Les prouesses réalisées par la neige ! Mère Nature montre son côté artistique directement devant le bâtiment du SLF (Davos, GR; photo: C. Suter, 02.04.2024).

Dans le sud, rien de nouveau: Ce qui s'était déjà produit du 1er au 4 mars et du 8 au 11 mars, s’est répété à Pâques: une situation intense de barrage météorologique côté sud avec de très fortes précipitations dans le sud et une tempête de foehn de plusieurs jours dans le nord. Dès le début, une première phase de précipitations intenses (figure 1a) a fait augmenter le danger d'avalanche jusqu’au degré « fort » (ou 4) le mercredi 27 mars, depuis la crête principale des Alpes du Haut-Valais jusque dans les vallées supérieures de la Maggia. Par la suite, le vent de secteur sud est resté fort à tempétueux, mais les précipitations étaient plus faibles les jours suivants, si bien que la situation s'est entre-temps à nouveau quelque peu détendue.

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Figure 1a: Dans le sud, de la neige, de la neige et encore de la neige: Quantité de neige tombée en 1 jour et mesurée le mercredi matin 27 mars. Valeurs calculées à partir de données radar et de données des stations avec le modèle INCA (source: MétéoSuisse)..
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Figure 1b: Dans le sud, de la neige, de la neige et encore de la neige: Quantité de neige tombée en 1 jour et mesurée le jeudi matin 28 mars. Valeurs calculées à partir de données radar et de données des stations avec le modèle INCA (source: MétéoSuisse).
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Figure 1c: Dans le sud, de la neige, de la neige et encore de la neige: Quantité de neige tombée en 1 jour et mesurée le Vendredi saint matin 29 mars. Valeurs calculées à partir de données radar et de données des stations avec le modèle INCA (source: MétéoSuisse).
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Figure 1d: Dans le sud, de la neige, de la neige et encore de la neige: Quantité de neige tombée en 1 jour et mesurée le samedi matin 30 mars. Valeurs calculées à partir de données radar et de données des stations avec le modèle INCA (source: MétéoSuisse).
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Figure 1e: Dans le sud, de la neige, de la neige et encore de la neige: Quantité de neige tombée en 1 jour et mesurée le dimanche de Pâques matin 31 mars. Valeurs calculées à partir de données radar et de données des stations avec le modèle INCA (source: MétéoSuisse).
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Figure 1f: Dans le sud, de la neige, de la neige et encore de la neige: Quantité de neige tombée en 1 jour et mesurée le lunedi de Pâques matin 1er avril. Valeurs calculées à partir de données radar et de données des stations avec le modèle INCA (source: MétéoSuisse).
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Figure 1g: Dans le sud, de la neige, de la neige et encore de la neige: Quantité de neige tombée en 1 jour et mesurée le mercredi mardi 2 avril. Valeurs calculées à partir de données radar et de données des stations avec le modèle INCA (source: MétéoSuisse).

Dans le nord, les précipitations étaient seulement faibles jusqu’au samedi 30 mars. Mais la tempête de foehn a néanmoins pu transporter les quelque 20 à 40 cm de neige tombés pendant la nuit du 24 au 25 mars. Les 17 signalements de déclenchements d’avalanches par des personnes, avec au total au moins 16 personnes touchées, indiquent que les accumulations de neige soufflée pouvaient se décrocher facilement les 28 et 29 mars. Avec le temps, pratiquement toute la neige meuble avait été déplacée par le vent, de sorte que malgré la tempête de foehn persistante, il n'y a pratiquement plus eu de nouvelle formation de neige soufflée. Les accumulations de neige soufflée pouvaient cependant encore se décrocher à certains endroits (photo 2).

A l'approche de Pâques, les précipitations sont devenues très intenses, si bien que du vendredi saint 29 mars jusqu’au lundi de Paques 1 avril, il est tombé en trois jours de 1 à 1½ m de neige au-dessus de 2200 m dans le sud, et même de 1½ à 2 m dans la région du Simplon, dans le val Bedretto et dans les vallées de la Maggia (figure 3a). Si l'on considère rétrospectivement toute la période de précipitations de 6 jours, de 1½ à 2 m de neige sont tombés dans une grande partie du sud, et même de 2 à 2,7 m dans la région du Simplon, dans le val Bedretto et dans les vallées de la Maggia (figure 3b). Comme la neige fraîche était souvent humide, surtout dans le Tessin au niveau des stations, les hauteurs de neige étaient sans doute encore un peu plus importantes à plus haute altitude. A partir du samedi 30 mars, les précipitations se sont progressivement étendues vers le nord en franchissant la crête principale des Alpes.

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Figure 3a: Sommes de neige tombée en 3 jours mesurées à midi le lundi de Pâques, 1er avril. Au-dessus de 2000 m, l'apport de neige était de 1 à 1½ m dans le sud, et même de 1½ à 2 m dans la région du Simplon, dans le val Bedretto et dans les vallées de la Maggia (source: observateurs du SLF, stations de mesure IMIS, SwissMetNet MétéoSuisse).
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Figure 3b: Sommes de neige tombée en 6 jours mesurées à midi le lundi de Pâques, 1er avril. Au-dessus de 2000 m, l'apport de neige était de 1½ à 2 m dans le sud, et même de 2 à 2,7 m dans la région du Simplon, dans le val Bedretto et dans les vallées de la Maggia (source: observateurs du SLF, stations de mesure IMIS, SwissMetNet MétéoSuisse).

3 m de neige fraîche en un jour ?

Le leader incontesté des mesures de neige fraîche était la station automatique IMIS de Cassinello dans le val Bedretto, qui a enregistré un record de 296 cm en 24 heures le lundi de Pâques au matin (figure 4). Il ne s'agissait cependant ni d'une quantité réelle de neige fraîche, ni d'un poisson d'avril, mais d'une avalanche qui avait touché la station de mesure la veille entre 11h30 et 12h00 et y avait déposé 2 m de neige. Le programme a d'abord considéré cette énorme augmentation de la hauteur de neige comme une erreur de mesure et n'a plus fourni de hauteur de neige immédiatement après. Puisque la valeur élevée a été mesurée de manière constante pendant des heures, le modèle a ensuite accepté la valeur et a introduit une énorme charge de neige fraiche. Avec autant de neige fraîche, le modèle a calculé par la suite un tassement énorme, qui n'existait pas en réalité, car il s’agissait de neige d'avalanche. Par la suite, le modèle a à nouveau introduit le tassement calculé trop important sous forme de neige fraîche, de sorte que les quantités de neige fraîche étaient encore surestimées le jour suivant. 
Une autre avalanche, quoique nettement plus petite, s'est produite à la station IMIS de Wenghorn dans la région du Simplon.
 

Classification climatologique

Il est difficile de classer cet épisode neigeux du point de vue climatologique, car il a plu à l’altitude des stations de mesure manuelles installées depuis de nombreuses années. Les stations automatiques IMIS situées plus haut ne disposent que de séries de mesures d'environ 25 ans, et certaines d'entre elles ont été éliminées parce qu’elles ont, par exemple, été touchées par une avalanche ou présentent d'autres problèmes. C'est dans le nord du Tessin que les stations utilisables affichent les valeurs les plus exceptionnelles. Les hauteurs de neige fraîche de 230 à 270 cm en 6 jours n'y ont été dépassées qu'à deux reprises, en mai 2002 et en novembre 2018.

Alors que le printemps s'était installé depuis longtemps à basse altitude, il y avait encore beaucoup de neige au-dessus de 2000 m - plus que normalement début avril. Dans le sud, les hauteurs de neige étaient une fois et demie à deux fois plus importantes que d'habitude, et 21 des 80 stations IMIS effectuant des relevés depuis de nombreuses années, généralement celles situées le long de la crête principale des Alpes, affichaient de nouveaux records journaliers - ce qui n’est pas étonnant après cette succession remarquable de situations de barrage météorologique côté sud depuis février.

17 des 80 stations IMIS de longue date (21 %) affichent des hauteurs de neige records pour la date actuelle. À quelques exceptions près, il s'agit toutes de stations situées à proximité de la crête principale des Alpes.

A 2500 mètres d'altitude, l'hiver entier est déjà l'un des plus enneigés dans toute la Suisse (figure 5). Les précipitations n'ont donc définitivement pas manqué, mais à moyenne et basse altitude, il faisait tout simplement trop chaud pour un véritable hiver.

Poussière du Sahara

Le samedi de Pâques, 30 mars, les courants du sud ont apporté en Suisse non seulement de la neige et de la pluie, mais aussi une grande quantité de poussière du Sahara (photo 6), soit un total incroyable de 180 000 tonnes, selon les calculs de SRF Meteo. En de nombreux endroits, cette poussière a été rapidement recouverte de neige. Une fois que la neige qui la recouvre aura fondu, plus tard au printemps, la poussière du Sahara formera une surface de neige inhabituellement sombre. La lumière du soleil est alors moins réfléchie par la surface neigeuse, ce qui accélère la poursuite de la fonte du manteau neigeux. 

Constitution du manteau neigeux

Dans les régions concernées par les précipitations les plus abondantes, la partie inférieure du manteau neigeux ne contenait pratiquement pas de couches fragiles marquées. On a donc supposé que la plupart des avalanches se déclenchaient dans la neige fraîche et la neige soufflée. Cette hypothèse semble en général s’être confirmée. Ce n’était pas le cas dans les vallées de la Viège et dans les régions intra-alpines des Grisons (figure 7). Il y a certes eu nettement moins de neige fraîche, mais des ruptures dans la neige ancienne semblaient ici plutôt possibles - et elles se sont d'ailleurs produites dans certains cas. 

Avalanches

Pour le dimanche de Pâques 31 mars et le lundi 1er avril, le danger d'avalanche a été évalué comme "fort" (degré 4) dans les régions concernées par les précipitations les plus abondantes, et sur la crête principale des Alpes du Haut-Valais et dans l'ouest du Tessin parfois même dans sa partie supérieure (degré 4+) .

Bien que seule une partie des Alpes suisses ait été touchée par les précipitations, l'activité avalancheuse du lundi de Pâques, 1er avril, était la plus élevée dans toute la Suisse depuis la situation de niveau 5 (très fort) de janvier 2021 (figures 8 et 9).

De nombreuses avalanches se sont décrochées à haute altitude dans la neige sèche ou mouillée, entraînant sur leur parcours la neige mouillée et descendant loin dans les zones de verdure. Elles atteignaient souvent une très grande ampleur. Avec la neige mouillée, elles sont toutefois restées dans les couloirs habituels d’avalanches (photo 10). Pour les avalanches de poudreuse, la neige aurait dû être sèche jusqu'en bas. Dans le centre du Tessin, pratiquement aucune avalanche n'a été signalée. Cela ne signifie pas nécessairement qu'il n'y a pas eu d'avalanches, mais elles n'ont probablement pas atteint les vallées dans les régions de basse altitude.

Pendant la nuit du dimanche au lundi de Pâques, la limite des chutes de neige est montée de manière inattendue au nord de la crête principale des Alpes, parfois jusqu'à 2400 m environ. Cela s'est traduit par quelques très grandes avalanches mouillées non prévues, même dans les régions périphériques où les précipitations étaient comparativement faibles. Par exemple, dans les Alpes uranaises (vidéo 1, galerie de photos) et dans les Grisons (photo 11).

Dans la nuit du mardi 2 avril, la situation s'est calmée et le matin, le danger a été réduit partout à considérable (niveau 3).

Accidents d'avalanche et avalanches ayant provoqué des dommages

Avant même les grandes chutes de neige décrites, le 22 mars, deux randonneurs ont déclenché chacun une avalanche de neige mouillée dans la région de la Silvretta, à proximité l'une de l'autre. Les deux personnes ont été emportées et sont décédées des suites de l’accident.
Au cours de cette période, 35 déclenchements d’avalanches par des personnes ont été signalés, pour un total de 25 personnes touchées. Le lundi de Pâques, 1er avril, trois freeriders sont morts et un autre a été blessé dans une avalanche au Riffelberg, près de Zermatt (photo 12). 
Par ailleurs, des avalanches ont provoqué de petits dégâts matériels à divers endroits, par exemple en endommageant des routes ou des arbres.
 

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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