AvaBlog 24. - 29. novembre 2023

Le vendredi 24 novembre à midi, il a commencé à neiger à partir du nord-ouest. Si, au début, la limite des chutes de neige se situait encore à 1400 m, elle est rapidement descendue jusqu'à basse altitude. Alors qu’en plaine, il s’agissait parfois de neige fondante, en montagne, il neigeait intensément (cf. figure 1). Les chutes de neige étaient accompagnées d'un vent fort à tempétueux de secteur nord-ouest à nord. Pendant la nuit du samedi au dimanche 26 novembre, les chutes de neige ont cessé dans l'ouest, tandis qu’il neigeait encore un peu dans l’est.

Après une pause dans les précipitations, il a à nouveau commencé à neiger à partir de l’ouest le lundi midi 27 novembre. Ces chutes de neige ont persisté jusque dans la nuit du mardi au mercredi 28 novembre (cf. figure 2). La limite des chutes de neige, qui se situait à près de 1000 m le lundi soir, est à nouveau descendue jusque dans les bas-fonds. Pendant les chutes de neige, le vent était fort à tempétueux, d’abord de secteur ouest, puis de secteur nord-ouest.

Avec la succession de chutes de neige en novembre dans l'ouest et le nord, il y a nettement plus de neige que d'habitude pour la saison. Depuis les vallées de la Viège jusqu'au centre des Grisons, la Haute-Engadine, la vallée de Poschiavo et le val Müstair en passant par le nord du Tessin, il n'y a encore que peu de neige – moins que d'habitude en cette période de l'année (cf. figure 3). 

Des informations ponctuelles provenant du terrain (cf. photo 4), des profils spécifiques de neige (cf. figure 5) et les calculs effectués à l’aide du système Snowpack de modélisation du manteau neigeux indiquaient, avant les chutes de neige décrites ci-dessus, la présence de couches fragiles à grains anguleux dans le voisinage de croûtes de regel formées par les pluies de la semaine précédente. Certains déclenchements à distance montraient également que les couches étaient susceptibles de se décrocher. Mais en raison de la faible densité d'informations, on savait toutefois peu de choses sur la répartition de ces éventuelles couches fragiles, si ce n'est qu'elles étaient présentes jusque loin en direction du Tyrol . En revanche, on savait que les couches relativement profondes du manteau neigeux étaient généralement bien consolidées et stables.

Sur la base de ces informations, le Service des avalanches du SLF supposait que les grandes quantités de neige fraîche s’étaient déposées sur un substrat défavorable, surtout entre environ 2400 et 3000 m, là où la croûte due à la pluie était présente mais peu épaisse. En conséquence, une augmentation rapide et marquée du danger d'avalanche a été prévue au cours du week-end.

Sur la base des grandes quantités de neige fraîche, l'activité avalancheuse est restée en deçà des attentes. Ainsi, seules quelques avalanches spontanées ont été observées au cours du week-end - et aucune d'entre elles n'a été classée comme grande avalanche. Par ailleurs, seules cinq avalanches déclenchées par des personnes ont été signalées au cours des deux jours du week-end, et toutes de taille moyenne. Plusieurs grandes avalanches ont été déclenchées lors d’opérations de minage pour la sécurisation des domaines skiables.

Pendant ou après la deuxième période de précipitations du lundi au mercredi, des avalanches ont à nouveau été déclenchées artificiellement avec succès dans différents domaines skiables. La plupart des avalanches ont été classées comme moyennes, certaines comme grandes et quelques-unes comme très grandes. Par ailleurs, plusieurs avalanches spontanées ont également été signalées ou détectées par des systèmes automatiques. L'une d'entre elles, dans le Bas-Valais, était très grande. 7 avalanches signalées ont été déclenchées par des personnes (cf. Photo 6). Elles étaient de taille petite à moyenne.

Aucun accident d'avalanche avec une issue fatale ne s'est produit jusqu’au moment de la clôture de la rédaction.

Sur la base des retours d’informations en provenance du terrain, le degré de danger 4 (fort) annoncé pour la nuit de samedi à dimanche n'a pas été atteint. Ni les observations sur le terrain ni les avalanches n'indiquaient un degré de danger 4 (fort). Cela suggère que les couches auxquelles on a attribué des propriétés de couches fragiles étaient trop peu répandues ou, plutôt, pas assez fragiles. Même si, en raison des basses températures, on a souvent trouvé de la neige meuble, on peut partir du principe que la neige était souvent suffisamment liée pour permettre la formation d'avalanches de plaque de neige. Quoi qu’il en soit, les bons résultats de minage montrent qu'avec une forte surcharge, des avalanches de plaque de neige pouvaient être déclenchées et qu'il y avait donc à la fois une couche fragile et une plaque de neige.