AvaBlog 1. - 4. mars 2024

Alors qu’il avait déjà beaucoup neigé dans le sud pendant la période couverte par le dernier AvaBlog, seule la journée du jeudi 29 février a été ensoleillée et sèche dans toutes les régions, avant que de nouvelles chutes de neige ne tombent dans le sud dans la nuit du jeudi au vendredi 1^er mars sous l’influence d’une situation de barrage météorologique côté sud. Ce phénomène a été surtout très marqué du samedi 2 mars au soir au dimanche 3 mars au soir. La limite des chutes de neige se situait entre 1200 m et 1500 m. La neige était la plus abondante dans la région allant de la vallée de Saas jusqu’au sud de la haute vallée de Conches, le long de la frontière italienne et dans l’ouest du Tessin. Dans ces régions, de nombreuses stations automatiques IMIS ont modélisé un total incroyable de 150 à 200 cm de neige fraîche, voire jusqu’à 230 cm dans certaines stations (illustrations 1 et 2). Il est difficile d’estimer le réalisme de ces valeurs, car lors de chutes de neige aussi importantes, le tassement de la neige fraîche est presque aussi rapide que l’apport de neige fraîche, de sorte que la hauteur de neige n’augmente que très peu malgré les chutes de neige intensives. Les valeurs de neige fraîche aux stations IMIS sont modélisées à l’aide du modèle de manteau neigeux SNOWPACK. Dans les stations d’observation manuelles situées à plus basse altitude, on a mesuré entre 80 et 140 cm de neige fraîche au cours de la même période. Mais comme ces stations se trouvaient à la limite des chutes de neige, les quantités de neige fraîche y sont certainement nettement plus faibles qu’en altitude.

Bien que ces quantités de neige fraîche semblent exceptionnelles, de tels événements ne sont pas si rares dans le sud. Aux altitudes moyennes, la somme de neige de 4 jours correspond environ à un événement trisannuel, la somme de neige de 11 jours à un événement quinquennal. En haute altitude, où les chutes de neige ont été plus importantes, il manque des stations d'observation manuelles de longue date pour faire une classification climatologique robuste.

En raison de ces chutes de neige intenses, une alerte pour danger d’avalanches important (niveau 4) a été émise du samedi 2 mars au matin jusqu’au lundi 4 mars dans les régions à fortes précipitations (cf. évolution du danger d’avalanches tout en bas de la page). De nombreuses avalanches spontanées se sont effectivement produites (illustration 3), parfois même de très fortes avalanches, qui ont atteint le fond de la vallée (illustration 4).

Tandis qu’il neigeait dans le sud, un vent tempétueux secteur sud a soufflé dans le nord entre samedi après-midi et dimanche soir avec un foehn puissant dans les vallées. Ce dernier a encore transporté de la neige fraîche meuble et parfois aussi de la neige ancienne.

Le foehn a donné lieu à la formation de nombreuses accumulations fragiles de neige soufflée. Quelques avalanches petites et moyennes ont été déclenchées dans ces accumulations de neige soufflée (illustration 5).

Dans les régions intra-alpines des Grisons, un problème de neige ancienne est passé au premier plan à partir du milieu de la semaine. Une couche formée par la neige tombée au cours des une à deux semaines précédentes recouvrait une croûte de regel sur une grande partie du territoire. En dessous se trouvaient parfois de gros grains à structure anguleuse. Dans cette couche fragile marquée, les tests de stabilité ont réagi dans les profils de neige (cf. illustration 6) et de nombreuses avalanches ont été déclenchées au cours du week-end (illustration 7).

Contrairement aux problèmes de neige ancienne des deux derniers hivers, il ne s’agit pas ici d’un problème de neige ancienne proche du sol (cf. p. ex. AvaBlog 16 - 20.03.2023). La superposition de la couche fragile est cependant suffisamment puissante pour que de grandes avalanches dangereuses puissent tout de même être déclenchées.

Le centre du Valais a également fait l’objet de quelques déclenchements d’avalanches dans une couche fragile de ce genre, surtout au cours du dernier week-end de février. Mais depuis, on n’a pratiquement plus eu de signes d’un problème de neige ancienne actif à cet endroit.

Au cours de cette période sous revue, de nombreux accidents causés par des avalanches se sont produits. Tous n’ont malheureusement pas été sans gravité.
Le samedi 2 mars, une avalanche s’est déclenchée sur une piste de ski ouverte dans le domaine skiable de Hohsaas (Saas-Grund, VS). Une personne a été entièrement ensevelie par cette avalanche et est décédée. Le même samedi, une personne est décédée en dehors des pistes dans un départ d’avalanche sur le flanc nord-ouest du Leidbachhorn (Davos, GR). Dans le domaine hors-piste du domaine skiable de Lenzerheide-Arosa (GR), une personne a été retrouvée morte dans une avalanche samedi dernier. Elle était portée disparue depuis le samedi 24 février.

De plus, une cinquantaine d’avalanches déclenchées par des personnes ont été communiquées au cours de la période sous revue. Quinze personnes y ont été prises au piège, dont cinq qui ont été entièrement ensevelies et deux blessées, dont une grièvement. Le samedi 2 mars a été la journée record de l’hiver en termes de nombre d’avalanches déclenchées par des personnes (illustration 8).