Le retour de l’hiver ! – Succession de chutes de neige et de tempêtes ¶
Comme déjà annoncé dans le dernier rapport hebdomadaire, la Suisse a connu une semaine chahutée. D’abord, il y a eu du vent. Ensuite, une situation météorologique marquée avec des courants de secteur nord-ouest a donné lieu à une succession d’épisodes de chutes de neige, parfois ininterrompues. Depuis le dimanche jusqu’au mercredi, des sommes de neige fraîche de 150 à 200 cm ont été enregistrées dans certaines régions du versant nord des Alpes. En raison de l‘abondante neige fraîche et des vents forts à tempétueux, il a fallu annoncer temporairement un fort danger d’avalanche (degré 4) pour une grande partie du territoire.
Evolution météorologique, situation avalancheuse, activité avalancheuse ¶
Vendredi 12 et samedi 13 mars: Journées ensoleillées et venteuses ¶
Pendant la nuit de jeudi à vendredi, il est tombé de 5 à 15 cm de neige sur une grande partie du versant nord des Alpes. Etant donné que le vent fort à tempétueux de secteur ouest faisait encore grossir les accumulations de neige soufflée, un danger marqué d’avalanche prévalait encore dans certaines régions. En journée, le temps est devenu assez ensoleillé.
Le samedi également, le temps est resté ensoleillé et venteux (cf. photos 1 et 2).
Même s’il n’y avait pratiquement plus de neige pouvant être transportée, le vent fort a donné lieu à la formation de nouvelles accumulations de neige soufflée. A cet égard, on a eu la confirmation que la neige soufflée pouvait se décrocher tout particulièrement en altitude: Dans la plupart des cas, les dépôts de neige étaient certes seulement minces, mais des avalanches de plaque de neige parfois de grande superficie pouvaient néanmoins être déclenchées (cf. photo 2).
Du dimanche 14 au mercredi 17 mars: Persistance d’une situation de barrage météorologique côté nord avec beaucoup de neige fraîche sur le versant nord des Alpes ¶
Pendant la nuit du samedi au dimanche, il y a eu des chutes de neige à partir de l’ouest qui, dans l’est, ont persisté jusqu’au jeudi. La météo était déterminée par des courants d’altitude de secteur nord qui acheminaient par vagues successives de l’air humide sur la façade nord des Alpes. Cette situation de barrage météorologique a donné lieu à de fréquentes chutes de neige sur le versant nord des Alpes. La limite des chutes de neige était descendue rapidement depuis 1200 m à 500 m et est restée à basse altitude jusqu’à la fin de cette période couverte par le rapport hebdomadaire (cf. figure 3).
Jusqu’au dimanche soir, on mesurait déjà jusqu’à 50 cm de neige fraîche à certains endroits dans le Bas-Valais ainsi que dans les Alpes vaudoises et fribourgeoises. Le lundi et le mardi, il a ensuite neigé sans arrêt et temporairement assez intensément sur tout le versant nord des Alpes. Le mercredi, l’intensité des précipitations a diminué, mais il a encore neigé plus particulièrement dans l’est. Depuis dimanche soir jusqu’à mercredi soir, des quantités considérables de neige fraîche se sont accumulées (cf. figure 4). Dans le Sottoceneri, le temps était essentiellement sec et souvent ensoleillé pendant toute la période.
En altitude, le vent fort et temporairement tempétueux de secteur nord-ouest a transporté intensément la neige fraîche. Les rafales les plus fortes ont été mesurées aux stations de la crête principale des Alpes avec des vitesses allant jusqu’à 90 km/h. Des dépôts irréguliers de neige se sont formés et il y avait parfois énormément de neige soufflée aux endroits abrités du vent (cf. photo 5).
En raison de l’abondante neige fraîche et du vent fort, le danger d’avalanche a nettement augmenté: Dès le dimanche, le degré de danger 3 (marqué) prévalait dans une grande partie du nord. Le lundi, le degré 4 (fort) a été atteint dans le Bas-Valais et le long de la crête nord des Alpes depuis les Dents du Midi jusque dans les Alpes glaronnaises. Le mardi, la zone concernée a été étendue englobant également toute la crête nord des Alpes ainsi que certaines parties des Grisons. Dans les autres régions, le danger d’avalanche était marqué. Ce n’était que dans le Jura et sur le versant sud des Alpes que le danger était plus faible, au degré 2 (limité). Le mercredi, la situation s’est quelque peu calmée avec un degré de danger 3 (marqué) sur une grande partie du territoire.
Comme conséquence du danger élevé d’avalanche, des routes ont été fermées et le trafic ferroviaire a été interrompu à certains endroits. Le lundi et le mardi, quelques très grandes avalanches descendant jusque dans la vallée (cf. photo 6) ont par ailleurs été signalées en Valais, dans les Grisons et en Glaris.
Au Rienzestock (2400 m, UR), une station de mesure IMIS a été touchée par une avalanche le lundi. C’était ce que révélait une augmentation brutale de la hauteur de neige de quelque 60 cm (cf. figure 7, flèche rouge). Une visite sur place au printemps ou en été permettra de savoir si la station a été endommagée ou non. Mais le fait qu’elle envoie encore des données après cet incident est un bon signe.
Si l’on se base sur les chutes de neige et les conditions météorologiques, le nombre d’avalanches signalées était plutôt faible. Il faut toutefois tenir compte du fait que les avalanches non recensées étaient très nombreuses. Par manque de visibilité, les avalanches ne sont souvent découvertes que plus tard. Lorsqu’il neige sans interruption, comme c’était le cas pendant la période de précipitations écoulée, les dépôts d’avalanches sont immédiatement recouverts de neige fraîche et les avalanches échappent totalement à l’observation. A cet égard, les systèmes de détection automatique permettent de réduire le manque d’informations. La preuve en est apportée, par exemple, par le radar d’avalanches de Geoprävent à Zinal qui a enregistré au total 40 phénomènes avalancheux pour le dimanche 14 mars et le lundi 15 mars (cf. figure 8).
Depuis plus de deux semaines, on n’a plus signalé d’avalanche déclenchée dans des couches fragiles profondes (neige ancienne). Dans les profils de neige, le pied fragile et donc la présence de couches fragiles est cependant toujours visible, c’est pourquoi ceci est mentionné par la section «Manteau neigeux et météo» du bulletin d’avalanches. L’avalanche du Rinerhorn (Davos, GR) le 17 mars est à nouveau la première avalanche signalée qui s’est décrochée dans la neige ancienne (cf. photo et figure 9). Il est intéressant de rappeler que c’est précisément déjà à cet endroit qu’une avalanche avait été déclenchée le 29 janvier dans des couches proches du sol. Il est possible que l’avalanche actuelle se soit à nouveau décrochée dans la couche fragile marquée qui avait donné lieu fin janvier à de nombreuses avalanches. Ou bien le manteau neigeux restant était très mince et s’est dès lors métamorphosé plus rapidement que le manteau neigeux plus épais alentour. On ne peut toutefois pas en déduire que la surcharge de l’abondante neige fraîche provoquera à d’autres endroits le décrochement d’avalanches dans la neige ancienne proche du sol.
Jeudi 17 mars: (Quasi-)fin des chutes de neige ¶
Dans le nord, la nébulosité était variable avec des passages ensoleillés, mais encore localement des averses de neige. Dans le sud, le temps était une fois de plus assez ensoleillé. Les grandes quantités de neige fraîche des derniers jours se tassent et se consolident lentement. On a constaté qu’en altitude la neige avait été balayée parfois jusqu’à la neige ancienne sur les crêtes et les croupes et que la surface neigeuse était fortement marquée par l’action du vent.
Situation neigeuse ¶
Après les chutes de neige de la semaine passée, les hauteurs de neige sont partout, sauf en Valais, supérieures aux moyennes pluriannuelles. Les valeurs les plus élevées concernent le centre du versant nord des Alpes où l’enneigement atteint pratiquement le double des données moyennes.
Des records absolus de hauteur de neige pour la date du jour ont cependant été atteints «seulement» à la station de MétéoSuisse Buffalora (1970 m, col de l’Ofen, GR). Actuellement, aucune station ne peut enregistrer de record absolu. Une analyse des archives de mesure montre que même les cumuls de neige fraîche de 4 jours, du dimanche 14 mars au mercredi 17 mars, ne se situent qu’à une seule station parmi les 3 premiers rangs: A la station Grindel (1950 m, Grindelwald, BE), il est tombé en l’espace de ces 4 jours plus de 170 cm de neige. La hauteur de neige a ainsi doublé passant de 123 cm à 240 cm. En raison du tassement continu de la neige (la surcharge de la neige fraîche comprimant la neige ancienne qui se trouve en dessous), la hauteur de neige n’a plus augmenté.
Accidents ¶
Au cours de cette période examinée par le rapport hebdomadaire, 8 avalanches impliquant des personnes ont été signalées au service des avalanches jusqu’à la clôture de la rédaction du présent rapport. Quatre accidents n’ont pas eu de conséquences graves, mais trois autres accidents ont fait des blessés.
Lors de l’accident du 17 mars au Rossboden (Davos, GR), une personne a été entièrement ensevelie et a perdu la vie.
Evolution du danger
Bulletins d'avalanche de cette période.