Fin de la sécheresse et temporairement de la neige jusqu’à moyenne altitude ¶
Depuis 40 jours, il n’y a pratiquement pas eu de précipitations en Suisse, selon le rapport de MétéoSuisse paru à la fin de dernière période couverte par le rapport hebdomadaire. Cette longue phase de temps sec a pris fin cette semaine avec tout d’abord une succession d’averses et d‘orages. Entre le lundi 27 avril et le mercredi 29 avril, des précipitations se sont abattues à nouveau pour la première fois sur une grande partie du territoire et il a même neigé temporairement jusqu’à moyenne altitude. Jusqu’au refroidissement du temps le mardi soir, l’humidification du manteau neigeux s’est poursuivie. Au cours de cette période couverte par le rapport hebdomadaire, des avalanches n’ont été signalées que localement. Reste à savoir si ce constat est dû au manque d’activité avalancheuse ou au manque d’observateurs sur le terrain.
Météo, manteau neigeux et danger d’avalanche ¶
Cette période couverte par le rapport hebdomadaire a également commencé par un temps doux (cf. figure 1). L’isotherme zéro degré se situait jusqu’au dimanche 27 avril entre 2500 et 3300 m. À partir du lundi 28 avril, elle est descendue jusqu’à 2000 à 2500 m.
Vendredi 24 avril: Une journée typique de printemps ¶
Le vendredi était une journée typique de printemps avec une augmentation du danger d’avalanche en cours de journée. Après une nuit généralement claire, la surface neigeuse était gelée et le danger d’avalanche par conséquent faible (degré 1) avant midi. Pendant cette journée assez ensoleillée, le danger d’avalanche de neige mouillée avait augmenté légèrement.
Du samedi 25 au lundi 27 avril: Temps variable ¶
Au cours des journées suivantes, le temps était variable. Les nuits étaient souvent couvertes et les journées caractérisées par un mélange de soleil, de nuages et une succession d’averses. En raison de la nébulosité nocturne, la surface neigeuse ne gelait généralement que peu (cf. figure 2). Les averses avec une limite élevée des chutes de neige apportaient de l’humidité supplémentaire au manteau neigeux.
Le dimanche soir et pendant la nuit du dimanche au lundi, il y a eu des précipitations sur une grande partie du territoire – la nuit surtout encore dans l’est. Les modèles météorologiques prévoyaient pour le lundi une journée assez ensoleillée. Dans l’est, cette combinaison aurait été défavorable: pas de rayonnement et même de la pluie pendant la nuit, et un ensoleillement maximal pendant la journée. C’est la raison pour laquelle un danger marqué (degré 3) d‘avalanche de neige mouillée était annoncé le mardi en Engadine. Mais le soleil s’y est fait attendre toute la journée. De sorte que le degré de danger 3 (marqué) n’y a pas été atteint.
En haute montagne, cet épisode de précipitations a apporté de 5 à 10 cm de neige fraîche (cf. figure 3), et localement parfois aussi 20 cm sous forme d’averses et d’orages. Etant donné qu’il est impossible de prévoir avec précision la répartition des précipitations en cas d’averses de ce genre, ni même de les mesurer correctement a posteriori, un faible danger (degré 1) d’avalanche de neige sèche a été annoncé par la suite, mais avec l’indication que localement, lorsque la hauteur de neige fraîche dépassait les 20 cm, le degré de danger 2 (limité) serait atteint.
Pendant cette période avec un temps variable et des températures douces, l’humidification du manteau neigeux s’est poursuivie. Sauf sur les pentes de haute altitude exposées au nord, le manteau neigeux était déjà mouillé jusqu’en haute montagne. Au cours de cette semaine, l’humidification est montée jusqu’à près de 3000 m, y compris sur les pentes orientées au nord. L’indice LWC de contenu en eau liquide (LWC = liquid water content), qui quantifie l’humidification du manteau neigeux, a une fois de plus grimpé nettement à 2750 m, surtout le lundi 27 avril (cf. figure 4).
Les mardi 28 et mercredi 29 avril: Précipitations intenses et refroidissement sensible ¶
Le lundi soir, il y a eu des précipitations qui ont persisté jusqu’au mercredi avant midi. Le cœur des précipitations se situait d’abord dans l’ouest et le sud. Pendant la nuit de mardi à mercredi, il s’est ensuite déplacé dans l‘est. La limite des chutes de neige se situait aux alentours de 2400 m et n’a cessé de descendre à partir du mardi après-midi jusqu’à 1600 à 1800 m. La figure 5 présente les cumuls de précipitations liquides tombées en 2 jours. En haute montagne, ces quantités sont tombées sous forme de neige.
Il est toujours difficile de donner des informations détaillées concernant les quantités de neige fraîche lorsque la limite des chutes de neige est très élevée, car la plupart des stations de mesure sont situées à trop basse altitude et ne mesurent donc pas les quantités totales de neige. Les quantités calculées de neige fraîche indiquées dans la figure 6 donnent une bonne vue d’ensemble. La neige était la plus abondante dans le nord du Tessin ainsi que sur la crête nord des Alpes à l’ouest du Wildstrubel.
Sous l’effet des précipitations parfois intenses, le danger d’avalanche de neige sèche et de neige mouillée a nettement augmenté. En dessous de la limite des chutes de neige, la pluie a entièrement mouillé le manteau neigeux déjà humide, de sorte qu’il fallait s’attendre à des avalanches de neige mouillée. Alors qu’à basse et moyenne altitude, la pluie si longtemps attendue a mouillé la neige et le sol, les conditions devenaient de plus en plus hivernales en haute montagne. Un danger marqué (degré 3) d’avalanche de neige mouillée et de neige sèche a ainsi été annoncé dans les régions touchées par les précipitations les plus abondantes.
Après la fin des précipitations, le mercredi, de nombreuses avalanches de neige meuble se sont décrochées dans la neige ancienne (cf. figure 7).
Jeudi 30 avril: Après une brève pause, de nouvelles précipitations ¶
A partir de jeudi matin, il y a eu à nouveau des précipitations à partir de l’ouest. Les quantités de neige fraîche indiquées dans la figure 8 ont été atteintes l’après-midi. Les chutes de neige étaient les plus abondantes dans la partie la plus occidentale du Bas-Valais et dans le val Bedretto avec de 20 à 30 cm de neige fraîche. En raison des températures plus fraîches et des chutes de neige des jours passés, les conditions devenaient de plus en plus hivernales avec la formation de diverses couches de neige fraîche et de neige soufflée. Avec ces nouvelles chutes de neige, le danger d’avalanche de neige sèche a ainsi continué à augmenter pour atteindre le degré 3 (marqué) dans les régions avec les précipitations les plus abondantes.
Activité avalancheuse ¶
Au cours de cette période couverte par le rapport hebdomadaire, seulement un petit nombre d’avalanches ont été signalées au service des avalanches. Cela s’explique par plusieurs raisons. D’une part, l‘activité avalancheuse était sans doute effectivement plus faible pendant la première moitié de la période examinée que la semaine précédente, car à la plupart des altitudes et expositions le manteau neigeux était déjà humidifié auparavant. Les plus grandes périodes avec des avalanches de neige mouillée étaient donc déjà passées. D’autre part, il n’y avait pratiquement plus personne en altitude, de sorte que de nombreuses avalanches n’ont pas été constatées. Et si malgré tout quelqu’un s’était aventuré en altitude, la situation avalancheuse y était souvent si chaotique qu’il était difficile de distinguer les avalanches fraîches des avalanches plus anciennes sans une observation quotidienne (cf. figure 8).
Avec si peu d’informations émanant du terrain, il est très difficile de valider le degré de danger annoncé. Les éléments de base utilisés pour les prévisions du jour suivant sont donc incertains. Avec la fin de la période de mesure pour les observateurs du SLF, le 30 avril, et le peu d’informations généralement disponibles en provenance du terrain, ce sera bientôt le moment pour le bulletin d’avalanches de passer en mode d’été. La décision à ce sujet et la date précise dépendent naturellement, comme toujours, de dame Hiver. Une chose est toutefois certaine, c’est la date de diffusion du prochain rapport, c’est-à-dire dans 2 semaines, le 14 mai.
Accidents
Aucun accident d’avalanche n’a été signalé pendant la semaine analysée. Le nombre de victimes d’avalanches reste donc inchangé, à savoir 5 tués. Ce nombre est très largement inférieur à la moyenne pluriannuelle de 21 victimes à fin avril. Les raisons possibles de ce petit nombre de victimes peuvent être consultées dans le « Flash hiver » de cette année.
Evolution du danger
Bulletins d'avalanche de cette période.