Rapport hebdomadaire 06 - 12 mars 2020

Neige fraîche et pluie, beaucoup d’avalanches

Deux épisodes de fortes précipitations, le second avec de la pluie jusqu’aux alentours de 2400 m, constituent les éléments majeurs de cette période couverte par le rapport hebdomadaire. Ils ont eu pour conséquence deux importants cycles d’avalanches, le premier avec généralement des avalanches de neige sèche principalement dans l’ouest, et le second avec un grand nombre d’avalanches de neige humide. Dans le sud du Valais et dans les Grisons, plusieurs avalanches se sont décrochées dans des couches profondes du manteau neigeux.

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Grande avalanche de plaque de neige sur une pente exposée au nord-ouest à environ 2400 m près des Plans (Bagnes, VS). A l’arrière-plan, on peut voir d’autres avalanches de plaque plus petites. Les avalanches s‘étaient décrochées spontanément, partiellement dans la neige ancienne, sous l’effet de la pluie pendant la nuit du mardi au mercredi 11 mars (photo: P.-Y. Terretaz, 11.03.2020).
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Nombreux sont ceux qui pensent que le printemps est déjà arrivé dans la vallée. Pourtant, même si la limite des chutes de neige était élevée, cette avalanche est descendue jusque dans le fond de la vallée. Dans les couloirs d’avalanches raides et étroits, les avalanches peuvent parfois parcourir de longues distances, même s’il n’y a plus de neige dans la partie inférieure de leur parcours. La rupture de cette avalanche spontanée se situe sur une pente exposée au nord-est à près de 2500 m à la Dent du Salentin (Salvan, VS) (photo: G. Cheseaux, 06.03.2020).
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Le samedi 7 mars était encore nuageux et brumeux en de nombreux endroits, le soleil n’apparaissant qu’occasionnellement. Dans les zones exposées plus élevées, le vent fort de secteur nord avait souvent laissé des traces. Vue depuis le Poncione di Tremorgio 2668 m en direction du sud-ouest sur le Pizzo della Sassada, 2709 m, éclairé par le soleil et, à côté, le Pizzo Massari, 2760 m (photo: L. Silvanti, 07.03.2020).
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Plusieurs randonneurs à ski ont eu de la chance lors de leur montée vers l’Eggenmandli, 2448 m (Erstfeld, UR) lorsqu’ils ont été surpris par des avalanches de neige meuble. Sous l’effet du réchauffement rapide, de nombreuses avalanches de ce type se sont décrochées dans la neige fraîche le dimanche 8 mars (photo: M. Christ).
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Le dimanche 8 mars permettait en de nombreux endroits de profiter de la belle neige fraîche. Mais il ne fallait pas sous-estimer le danger d’avalanche, comme le montrent les nombreuses avalanches déclenchées par des personnes. Dans la descente depuis le Chli Chärpf (Glaris Sud, GL) en direction de Bischofalp, ces deux petites avalanches de plaque de neige ont été déclenchées séparément par deux skieurs sur une pente exposée au nord-est à 2470 m (photo: P. Mosca).
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Dans le vallon d’Emaney (Evionnaz, VS) également, le réchauffement a donné lieu à des avalanches de neige meuble. Départ d’une avalanche de neige meuble sur le flanc est percé de rochers des Pointes d’Aboillon à près de 2500 m (photo: J.-L. Lugon, 08.03.2020).
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Cette avalanche de plaque de neige a été déclenchée à distance par des personnes le dimanche 8 mars. Elle s’est décrochée dans une couche fragile profonde à l’intérieur du manteau neigeux. L’avalanche a démarré à 2250 m sur une pente exposée au nord en dessous d’un sommet sans nom à proximité du Goli des Seyons (Bagnes, VS) (photo: 08.03.2020).
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Une photo caractéristique de cette période couverte par le rapport hebdomadaire: nombreuses avalanches spontanées en terrain relativement raide à cause d’un début d’humidification du manteau neigeux. Dans les zones non touchées par des avalanches, on peut voir les sillons d’écoulement à la surface neigeuse. Pente exposée au nord-est près des Rochers de la Carrière (Bagnes, VS) (photo: A. Schuler, 11.03.2020).
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Vue depuis la façade nord-ouest du Piz Cavradi, 2613 m, (Tujetsch, GR) sur la descente du Pazolastock/ Piz Nurschalas, 2739 m. On peut voir de multiples avalanches de neige meuble et de plaque de neige, dont certaines se sont déclenchées pendant les précipitations du mardi 10 mars et parfois sous l’effet du réchauffement diurne du mercredi 11 mars (photo: P. Degonda, 11.03.2020).
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Le mercredi 11 mars, une avalanche de plaque de neige a été déclenchée par une personne lors de sa descente sur façade nord du sommet du Weissfluh, 2843 m, (Arosa, GR) à environ 2500 m. La pente avait déjà été empruntée par d’autres personnes auparavant (photo: G. Hitz, 11.03.2020).
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L’avalanche de la Jetz s’est également produite le mercredi 11 mars dans la vallée de la Sernf (Glaris Sud, GL). Les dépôts mouillés ne se composent pas seulement de neige, mais contiennent également beaucoup de terre (photo: K. Bäbler).
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Sur le col de l’Oberalp (Tujetsch, GR), la fraise à neige s’est tout simplement transformée en fraise à eau, parce que la plupart des visiteurs des domaines skiables n’avaient pas emporté de bouées (photo: P. Degonda, 11.03.2020).

Météo et avalanches

Vendredi 6 mars: Fin d’un épisode d’intenses chutes de neige, nombreuses avalanches de neige sèche

Au cours de la nuit de jeudi à vendredi, les intenses chutes de neige ont cessé dans l’ouest. Du jeudi 5 mars au vendredi matin 6 mars, il y était tombé jusqu’à 70 cm de neige (cf. figure 1).

Pendant la journée, le sud bénéficiait d’éclaircies relativement longues, tandis que dans le nord, il neigeait encore un peu jusqu’à basse altitude. Le vent avait diminué sur une grande partie du territoire. Ce n’était plus que dans le Jura et dans les Préalpes qu’il était encore modéré à fort de secteur ouest.

Avec la fin des précipitations, le risque d’avalanche spontanée diminuait rapidement. Etant donné la grande épaisseur des couches de neige fraîche et de neige soufflée, les avalanches pouvaient toutefois encore atteindre une très grande ampleur. Ceci justifiait largement le maintien du degré de danger 4 (fort) dans le bulletin d’avalanches également pour la journée. L’indice d’activité avalancheuse a dès lors enregistré une pointe marquée le vendredi 6 mars (cf. figure 2), même si une grande partie des avalanches s’étaient déjà produites au cours de la nuit du jeudi au vendredi.

Samedi 7 mars: Neige fraîche dans l’est

Pendant la nuit du vendredi au samedi, les chutes de neige se sont intensifiées dans l’est. Avec jusqu’à 40 cm de neige fraîche, elles y étaient plus abondantes que prévu (cf. figure 3). De faibles chutes de neige ont également eu lieu en cours de journée dans l’est. L’ouest bénéficiait, en revanche, de plus en plus d’éclaircies, tandis que dans le sud du Valais et dans le Tessin, le temps était généralement ensoleillé.

En altitude, la neige fraîche meuble était transportée par le vent donnant lieu à la formation d’accumulations de neige soufflée susceptibles de se décrocher. Elles étaient les plus volumineuses dans l’est, de sorte que le danger d’avalanche y était annoncé au degré marqué (degré 3). En raison du vent, un danger marqué d’avalanche était également annoncé pour la crête principale des Alpes. De même, le danger d’avalanche était également marqué dans l’ouest. La cause y était, comme précédemment, les épaisses couches de neige fraîche et de neige soufflée du jeudi 5 mars et du vendredi 6 mars. Celles-ci étaient toujours considérées comme susceptibles de se décrocher. Cette caractéristique a été confirmée par quelques déclenchements d’avalanches par des personnes ainsi que par une avalanche spontanée, vraisemblablement provoquée par la surcharge importante due à la rupture d’une corniche (cf. vidéo 1).

Vidéo 1: Très grande avalanche spontanée de plaque de neige sur le versant nord-est de la Garda Bordon (3309 m, Anniviers, VS). L’avalanche a vraisemblablement été provoquée par la rupture d’une corniche. La poussière de neige est descendue jusque dans le fond de la vallée à proximité des infrastructures touristiques. Personne n’a cependant été touché (vidéo: webcam geopraevent.ch, 07.03.2020).

Dimanche 8 mars: Journée de répit

Une journée ensoleillée avec un vent généralement faible a permis une diminution du danger d’avalanche. Celui-ci n’était plus considéré qu’au degré marqué dans l’est et l’ouest (degré 3). La raison en était une fois de plus la ‘neige de la veille’. Celle-ci était parfois encore susceptible de se décrocher (cf. photo 4).

Lundi 9 mars et mardi 10 mars: Neige fraîche, pluie et beaucoup d’avalanches de neige mouillée

Le lundi matin a donné lieu à de nouvelles chutes de neige. La limite des chutes de neige se situait d’abord aux alentours de 1000 m. Pendant la journée, il y a eu quelques éclaircies dans l’ouest et le sud, alors que les averses de neige persistaient ailleurs. Après une brève pause au cours de la nuit du lundi au mardi, la neige s’est à nouveau mise à tomber. Le mardi matin, la limite des chutes de neige se situait encore à 800 m, mais dans le courant de la journée, elle est montée à 2400 m dans le nord. Des traces de pluie ont même été observées localement à 2700 m. Dans les régions intra-alpines, la limite des chutes de neige était restée plus longtemps à basse altitude pour ne monter qu’en toute fin de journée à environ 2000 m. Parallèlement à la limite des chutes de neige, l’isotherme zéro degré n’a cessé de jouer au yo-yo (cf. figure 5).

Les précipitations ont cessé au cours de la nuit du mardi au mercredi. Une fois de plus, elles avaient apporté des quantités cumulées considérables de neige fraîche, mais seulement en altitude (cf. figure 6).

En raison des précipitations et de la montée de la limite des chutes de neige, il y a eu de très nombreuses avalanches spontanées, parfois de très grande ampleur. La plupart des avalanches étaient classées comme avalanches de neige mouillée. L’activité principale a sans doute eu lieu pendant la première moitié de la nuit du mardi 10 au mercredi 11 mars. Certaines avalanches sont descendues jusqu’à basse altitude menaçant parfois des voies de communication (cf. photo 7).

Après que dans le dernier rapport hebdomadaire on se demandait encore si la surcharge due à une abondance de neige fraîche n’allait pas à nouveau entraîner un risque de décrochement des couches fragiles du manteau de neige ancienne, cette hypothèse s’est confirmée cette semaine. La surcharge de la neige fraîche, le réchauffement et la pluie ont provoqué plusieurs avalanches dans la neige ancienne, surtout dans les régions intra-alpines (cf. série de photos et photo 8).

Dans le bulletin d’avalanches, le danger d’avalanche a été sous-estimé au cours de cette phase. D’une part, la limite des chutes de neige est montée plus haut que prévu et, d’autre part, le manteau neigeux a réagi de manière nettement plus sensible à la pluie que ce qui avait été supposé. Sur la base de l’activité avalancheuse (cf. figure 2), un fort danger d’avalanche (degré 4) aurait été approprié pendant la nuit du mardi 10 au mercredi 11 mars dans de grandes parties de la crête nord des Alpes et du Bas-Valais ainsi que dans le nord des Grisons et en Basse-Engadine.

Mercredi 11 et jeudi 12 mars: Temps assez ensoleillé et douceur printanière

Grâce à deux journées assez ensoleillées et très douces, le danger d’avalanche de neige sèche a diminué progressivement. Au-dessus d’environ 2400 m, un danger marqué d’avalanche (degré 3) était encore annoncé dans les régions avec beaucoup de neige fraîche. En dessous d’environ 2400 m, le manteau de neige humide se stabilisait sous l’effet du rayonnement nocturne. Le danger d’avalanche de neige mouillée augmentait en cours de journée. Avec le réchauffement diurne et l’ensoleillement, des avalanches, localement même de grande ampleur, se sont déclenchées en cours de journée (cf. photo 9).

Accidents d’avalanche

Au cours de cette semaine examinée par le rapport hebdomadaire, 14 avalanches ayant emporté des personnes ont été signalées au Service des avalanches. Au total, 17 personnes ont été touchées et 2 personnes ont été entièrement ensevelies (cf. la carte et le tableau des accidents d’avalanche actuels). Heureusement, il n’y a pas eu d’accident mortel d’avalanche et le nombre de victimes reste avec 5 personnes tuées nettement inférieur à la moyenne pluriannuelle pour la mi-mars (qui est d’environ 15 morts).
Deux avalanches ont donné lieu à une opération de recherche entraînant par conséquent des frais. Au moment de la clôture de la rédaction, il n’y avait pas d’informations concernant des dommages matériels.
Des informations ayant trait aux avalanches avec ou sans implication de personnes sont très importantes pour les prévisions d’avalanches. Elles permettent, d’une part, de valider les prévisions, et d’autre part, d’affiner les statistiques pluriannuelles. De plus, les accidents d’avalanche sont aussi toujours instructifs et les données relatives à une sélection d’accidents intéressants sont mises à disposition du grand public par le biais des rapports de l’hiver. Les informations destinées au Service des avalanches sont idéalement transmises via l’application WhiteRisk ou sur le site www.slf.ch.

 

 

Evolution du danger

Bulletins d'avalanche de cette période.

 

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