Beaucoup de neige fraîche dans le nord-est, beaucoup de soleil dans le sud ¶
Après un début printanier, il a neigé intensément et avec un froid polaire jusqu’à basse altitude sur le centre et l’est du versant nord des Alpes au cours de cette période examinée par le rapport hebdomadaire (cf. photo 1). La neige fraîche et la neige soufflée ont marqué la situation avalancheuse. Il n’est tombé que peu ou pas de neige dans les régions méridionales qui ont bénéficié d’un soleil généreux avec des températures basses, mais pratiquement pas d’avalanches de neige mouillée.
Evolution météorologique ¶
Jeudi 13 avril et Vendredi saint 14 avril: Dans le nord-est, nuages; ailleurs, temps ensoleillé
Avec un soleil généreux, le jeudi et le Vendredi saint ont prolongé la période précédente couverte par le rapport hebdomadaire. Ce n’était que dans le nord-est que la nébulosité était variable pendant la nuit du mercredi au jeudi et la journée du jeudi et que le ciel était de plus en plus nuageux en dessous de 2500 m environ le Vendredi saint. La température à la mi-journée à 2000 m était de +3 °C dans le nord et il faisait doux avec +7 °C dans le sud. L’isotherme zéro degré persistait aux alentours de 2800 m (cf. figure 2).
Du Samedi saint 15 avril au mercredi 19 avril: Hiver dans le nord, printemps dans le sud et temps doux pour Pâques
Depuis le Samedi saint jusqu’à mercredi, le temps était caractérisé par une offensive marquée d’air froid. Jusqu’au lundi de Pâques, le vent en altitude était généralement modéré, mais parfois aussi fort de secteur nord-ouest, puis les mardi et mercredi fort à tempétueux de secteur nord. De l’air arctique arrivait ainsi chez nous et les températures baissaient à nouveau sensiblement. L’isotherme zéro degré était tombé nettement en dessous de 1000 m (cf. figure 2).
Les nuages se sont accumulés sur le versant nord des Alpes et des quantités considérables de neige sont tombées tout particulièrement sur le centre et l’est du versant nord des Alpes (cf. figure 3). Dans les Alpes glaronnaises, l’apport de neige atteignait 150 à 200 cm; sur le reste du centre et de l’est du versant nord des Alpes, il était de 80 à 150 cm. A mesure que l’on se dirigeait vers l’ouest et le sud, les quantités de neige fraîche diminuaient nettement. Les mardi et mercredi, il y a même eu des averses de neige jusqu’à basse altitude.
Dans les principales régions touchées par les précipitations dans le pays de Glaris, on a parfois enregistré des intensités assez élevées de chutes de neige, comme par exemple à la station IMIS Ortstock/Matt (1830 m) avec jusqu’à environ 30 cm de neige fraîche en 6 heures (cf. figure 4).
Tout comme pour la répartition des précipitations, c’était également sur l’est du versant nord des Alpes que le temps était le plus maussade. Plus on se dirigeait vers l’ouest, plus il y avait de soleil (cf. figure 5). Sur le versant sud des Alpes, le temps était ensoleillé et, pendant les jours de Pâques, également doux, grâce au fort foehn de secteur nord soufflant les mardi et mercredi jusque dans les vallées.
Jeudi 20 avril: Ensoleillé, mais toujours froid
La nuit du mercredi au jeudi était claire dans l’ouest et le sud. Sur le versant nord des Alpes et dans le nord des Grisons, des averses avaient apporté de 5 à 15 cm de neige jusqu’à basse altitude, avant que le ciel ne s’y dégage également. Ainsi prenait fin la période de chutes de neige de cinq jours dans le nord et l’est (cf. figure 3). La journée était généralement ensoleillée, avec des champs nuageux bas dans le nord. La température à la mi-journée à 2000 m se situait entre -5 °C dans l’ouest, -9 °C dans l’est et -3 °C dans le sud. Le vent de secteur nord-est était faible à modéré, mais temporairement fort sur les crêtes alpines dans le sud.
Manteau neigeux et situation avalancheuse ¶
Au début de la période examinée par le rapport hebdomadaire, la situation avalancheuse était typiquement printanière. Pendant la nuit, les couches superficielles de neige gelaient et, en cours de journée, la croûte se ramollissait à nouveau. L’augmentation du danger d’avalanche en cours de journée n’était que peu marquée, de sorte qu’on n’a pratiquement pas signalé d’avalanches de neige mouillée (cf. dernière période couverte par le rapport hebdomadaire). Sur les pentes exposées au nord en dessous de 2400 m environ et sur les pentes raides exposées au sud en dessous de 3000 m environ, le manteau neigeux était entièrement humidifié. Ce n’était plus qu’à certains endroits et généralement au-dessus de 2800 m environ sur les pentes extrêmes exposées au nord qu’il y avait encore des couches superficielles meubles de neige sèche. Sauf dans les Préalpes, le manteau neigeux renfermait en profondeur des couches ayant subi une métamorphose constructive à grains anguleux. Celles-ci étaient le plus susceptibles de se décrocher sur les pentes exposées au nord et rarement empruntées dans le sud du Valais et dans les Grisons entre 2400 m et 3000 m. Dans les autres régions, ces couches étaient suffisamment recouvertes et un déclenchement dans le fondement fragile du manteau neigeux était peu probable (cf. figure 6).
Problème lié à la neige ancienne:
Sur les pentes exposées au nord dans le sud du Valais et dans les Grisons, le problème lié à la neige ancienne restait latent et a encore été mentionné dans le bulletin d’avalanches. Aucun déclenchement dans la neige sèche n’a toutefois plus été signalé depuis début avril.
Avec la progression de l’humidification totale du manteau neigeux sur les pentes exposées au nord, qui se situait entre 2200 et 2500 m au début de cette période examinée par le rapport hebdomadaire, on pouvait s’attendre à ce que l’infiltration d’eau fragilise le fondement du manteau neigeux et que des avalanches se déclenchent spontanément dans la neige mouillée. C’est la raison pour laquelle il y avait également certaines mentions en ce sens, comme par exemple en ce qui concerne la photo 7.
Avec le refroidissement du temps et l’épuisement de l’eau pouvant s’infiltrer dans le manteau neigeux, cette déstabilisation n’a toutefois pas progressé. C’est au contraire une croûte qui s’est formée – progressivement aussi en dessous de la neige fraîche qui a un effet isolant.
Le risque de „réactivation“ du fondement fragile de neige ancienne en raison de la surcharge due aux quantités parfois importantes de neige fraîche a été considéré comme faible pour le versant nord des Alpes et un peu plus élevé pour les régions des Grisons (cf. photo 8).
Avalanches de neige mouillée:
L’augmentation du danger d’avalanche de neige mouillée en cours de journée, qui était déjà peu marquée pendant la période précédente couverte par le rapport hebdomadaire, a encore diminué sous l’effet du refroidissement du temps (cf. plus haut) et n’était pratiquement plus d’actualité, en tout cas à partir du samedi 15 avril.
Ce n’est que le jeudi 20 avril qu’il fallait s’attendre à ce que, sous l’effet de l’ensoleillement, des coulées et des avalanches de neige humide se décrochent sur les pentes aux expositions est, sud et ouest à partir de zones rocheuses ou de zones très raides, surtout dans les régions avec beaucoup de neige fraîche.
Neige fraîche et neige soufflée:
Pendant cette période examinée par le rapport hebdomadaire, le problème lié à la neige fraîche et à la neige soufflée jouait un rôle dominant. Alors que dans les régions sans neige fraîche, la formation de neige soufflée était faible et se concentrait essentiellement sur la haute montagne, les chutes de neige dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 avril ont donné lieu, dans les régions avec de la neige fraîche, à une formation d’accumulations de neige soufflée qui s’est poursuivie jusqu’au jeudi (cf. photo 9).
La liaison de la neige fraîche à la surface de neige ancienne a été jugée favorable sur une grande partie du territoire, parce que la neige fraîche se déposait généralement sur des couches rugueuses dures. Il n’y avait plus que peu de couches superficielles meubles (cf. plus haut).
Il fallait s’attendre à ce que les nouvelles accumulations de neige soufflée soient à chaque fois susceptibles de se décrocher et à ce que le manteau neigeux renferme, entre les couches de neige fraîche et de neige soufflée, des zones plus fragiles dans lesquelles des décrochements d’avalanches de plaque de neige étaient possibles. Un exemple à cet égard est la neige fraîche meuble qui est recouverte de neige soufflée liée et plus tard de neige fraîche supplémentaire (cf. photo 6).
En raison de la persistance d’une visibilité limitée, il y a eu peu d’observations jusqu’au moment de la clôture de la rédaction et seulement quelques avalanches ont été signalées (région du Trift, Titlis, Alpes glaronnaises).
Le danger d’avalanche a augmenté sensiblement dans les principales régions du centre et de l’est du versant nord des Alpes touchées par les précipitations et a atteint dans les prévisions du mercredi 19 avril le degré 4 (fort). A mesure que l’on se dirigeait vers l’ouest et le sud, le danger diminuait, suivant ainsi la répartition de la neige fraîche. Dans l’extrême sud et dans le nord-ouest, la situation avalancheuse restait favorable avec un degré de danger 1 (faible).
Situation neigeuse ¶
Le Vendredi saint 14 avril et le Samedi saint 15 avril, la hauteur de neige au Weissfluhjoch (GR, 2540 m) a atteint, avec à chaque fois 1 cm de neige en moins, un nouveau minimum en 84 années de relevés. Pour ces deux journées, la hauteur de neige était respectivement de 139 cm et 138 cm.
À 2000 m, le jeudi 20 avril, dans les régions du centre et de l’est du versant nord des Alpes touchées par des précipitations abondantes, on mesurait de 120 à 200 cm de neige, et dans certaines régions jusqu’à 300 cm de neige. Les vallées méridionales de la Viège et la Haute-Engadine ainsi que le versant sud des Alpes n’étaient en grande partie pas influencés par les précipitations et la hauteur de neige à 2000 m est restée faible (cf. figure 10).
Accidents d’avalanche ¶
- Le dimanche 16 avril, deux personnes ont été touchées par une avalanche sur une pente exposée au nord-est dans la descente du Sustenhorn à une altitude d’environ 2200 m. L’une d’entre elles a été entièrement ensevelie. L’autre était partiellement ensevelie. Elles ont pu être localisées et dégagées par leurs compagnons. Toutes deux étaient indemnes, mais elles ont été prises en charge par le Secours alpin par voie terrestre en raison de l’heure tardive, de la tempête de neige et de la perte de matériel.
- Le jeudi 20 avril, au Steilimigletscher (Innertkirchen, BE) à environ 2600 m, une personne a été entraînée et blessée par une avalanche.
Evolution du danger
Bulletins d'avalanche de cette période.